C’est souvent des drames qu’émergent les plus belles histoires. Dans la nuit du 2 au 3 juin derniers, un couple d’Arabes palestiniens de la ville de Hébron est victime d’un accident de voiture. L’homme décède à son arrivée à l’hôpital, et sa femme, qui ne portait pas de ceinture, est grièvement blessée ; elle souffre d’un traumatisme crânien sévère.
Leur bébé, Yaman, présent dans la voiture, est indemne. Mais il se retrouve seul, et lui aussi en danger. À neuf mois, il refuse les biberons qui lui sont proposés. Après sept heures sans alimentation, le personnel soignant et les tantes du petit, arrivées à l’hôpital, s’inquiètent.
Une surprise pour les tantes
C’est alors que l’une des infirmières de l’hôpital Hadassah de Jérusalem, Ola Ostrovsky-Zak, se porte volontaire pour allaiter le bébé. Elle a 34 ans et trois enfants, dont le dernier n’a qu’un an et demi. Elle est juive, et sa proposition surprend.
« Les tantes m'ont dit que Yaman était nourri au sein depuis sa naissance par sa mère, raconte-t-elle au Huffington Post. Il n'a jamais bu au biberon. Elles m'ont demandé si quelqu'un pouvait l'allaiter. Je leur ai dit que si elles étaient d'accord, je pouvais le faire. Les tantes ont manifesté leur surprise. Elles ne pouvaient pas croire qu'une mère juive accepte d'allaiter un bébé palestinien. Elles m'ont pris dans leurs bras, m'ont embrassée, n'arrêtaient pas de m'enlacer. »
« J’étais heureuse à cette idée, et je l’ai allaité cinq fois dans la nuit », ajoute l’infirmière. Puis à nouveau le samedi et le dimanche.
Une deuxième mère
Ce geste désintéressé ne laisse pas la famille endeuillée indifférente. D’après les tantes du petit Yaman, et aux yeux de l’Islam, une femme qui nourrit cinq fois un bébé au sein devient sa deuxième mère, rapporte le HuffPost. L’un des oncles considère désormais Ola comme sa sœur.
« J'ai été très touchée, s’émeut l’infirmière. Évidemment, je ne remplacerai pas sa mère, mais maintenant, je peux dire que j'ai un fils palestinien ».
Un appel entendu
En rentrant chez elle, Ola a publié un message sur un groupe Facebook pro-allaitement pour demander de l’aide, et la remplacer.
« Mille mères m’ont répondu en deux heures, se réjouit-elle. Juives, palestiniennes, arabes israéliennes, peu importe qui elles sont et qui est cet enfant, elles ont toutes dit oui. Je suis sûre que si j'avais fait cette demande sur un forum ouvert, la moitié du pays aurait répondu présent. »
Malgré les tensions communautaires, il est toujours rassurant de vérifier que lorsque la santé d’un enfant est en jeu, les préjugés et les clivages culturels et politiques s’envolent.