49.000 décès en France en 2009 liés à la consommation d'alcool. Ce sont les chiffres d'une étude épidémiologique publiée ce lundi 4 mars par des chercheurs dans l'European Journal of Public Health.
Un travail mené par l'équipe de Sylvie Guérin de l'Institut Gustave-Roussy (IGR) à Villejuif (Val-de-Marne) qui a été fait en combinant les résultats d'une enquête sur la consommation d'alcool auprès de 20.178 Français de 15 ans et plus, de données nationales sur la vente d'alcool en 2009 et d'une méta-analyse sur les risques de chaque maladie liés à la consommation d'alcool. Les résultants rapportés sont inquiétants.
D'après cette étude, 36.500 décès étaient attribuables à la consommation d'alcool chez les hommes, représentant 13% de la mortalité masculine, et 12.500 décès lui étaient attribuables chez les femmes, représentant 5% de la mortalité féminine.
Un chiffre qui représentait 15.000 décès par cancer (notamment pharynx, oesophage, côlon, foie, sein), 12.000 par maladies cardiovasculaires (accidents vasculaires cérébraux, arythmies, maladie hypertensive...), 8.000 par maladies du système digestif (maladie hépatique alcoolique, fibrose/cirrhose...), 8.000 décès de cause externe (accidents, suicides, homicides...) et près de 3.000 décès liés à des maladies mentales et comportementales.
De plus, les auteurs de l'étude précisent que la fraction des décès attribuables à l'alcool est plus importante chez les personnes jeunes et d'âge moyen (22% des décès chez les 15-34 ans et 18% chez les 35-64 ans) que chez les plus âgés (7% chez les 65 ans et plus). Sylvie Guérin et son équipe soulignent également que l'alcool a un effet délétère dès la consommation d'une faible dose. A 13 g/j (soit un peu plus d'un verre), il est déjà responsable de 1.100 décès. Enfin, les chercheurs mentionnnent que leur étude ne s'est intéressée qu'à la mortalité, alors qu'il y a également une morbidité importante avec l'alcool, pour les buveurs eux-mêmes, pour les personnes impliquées dans un accident causé par l'alcoolisme, pour les bébés exposés in utero...
L'équipe rappelle qu'en 2005, la France avait la quatrième plus forte consommation d'alcool parmi 48 pays d'Europe. Avec pour conséquence un taux de mortalité bien supérieur à nos voisins européens. Selon des données de 2011 données par l'Organisation mondiale de la Santé, la mortalité liée à l'alcool n'était que de 5 % en Suise, 3 % en Italie et juste de 1 % au Danemark. De même, chez les femmes, la mortalité due à l’alcool était plus élevée en France qu’en Italie (2 %) ou au Danemark (1 %). « Ces résultats soulignent l'importance des politiques de santé publique pour réduire la consommation d'alcool en France », concluent les chercheurs.