Chaque année, plus de 130 000 Français sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), qui est la première cause de handicap acquis, chez l’adulte, et la deuxième cause de mortalité, avec 10 % des décès.
Dans la plupart des cas, ces accidents sont dus à un caillot sanguin qui obstrue l’afflux de sang vers le cerveau. Mal ou plus irriguées, les cellules cérébrales meurent, provoquant ainsi des dommages neurologiques.
Une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’université de Caen ont découvert qu’un médicament très banal pourrait dissoudre ces caillots : il s’agit des sirops contre la toux !
Casser les caillots
Mucomyst, Exomuc, Fluimucil… Ces médicaments couramment utilisés contiennent de la N-acétylcystéine. Elle permet de fluidifier les sécrétions bronchiques et de favoriser l’expectoration, par un mode d’action simple.
Le mucus contient principalement des protéines de mucine qui établissent entre elles des liaisons moléculaires, ce qui lui confère sa viscosité. La N-acétylcystéine casse ces liaisons, rendant ainsi le mucus plus fluide et plus facile à expectorer.
Au sein des caillots sanguins qui provoquent la thrombose (l’obstruction des vaisseaux), des liaisons similaires s’établissent. Ici, la mucine est remplacée par les plaquettes sanguines, dont une protéine, le facteur de von Willebrand, provoque l’agrégation.
Un essai clinique à venir
Les chercheurs ont montré que l’injection intraveineuse de N-acétylcystéine permettait d’agir sur ce facteur, et de limiter ainsi la formation des caillots résistants aux approches conventionnelles. Associée à d’autres traitements, elle accélère également la dissolution et limite la formation de nouveaux caillots. Et tout ceci sans augmenter le risque d’hémorragie.
Les résultats de l’équipe de Caen, publiés dans la revue Circulation, ont été obtenus chez la souris. Mais l’efficacité des sirops pour la toux pourrait rapidement être testée chez l’homme. « La N-acétylcystéine est un traitement à bas coût, déjà utilisé dans le monde entier comme médicament contre la toux, rappellent les chercheurs. La démonstration de ses effets thrombolytiques pourrait avoir de très larges applications pour la prise en charge des patients atteints d’AVC ischémiques ou d’infarctus du myocarde. Nous souhaitons œuvrer dans ce sens et démarrer le plus rapidement possible un essai clinique. »