Les élections législatives de 2017 promettent un grand chamboule-tout. L’Assemblée nationale n'avait pas connu un tel renouvellement depuis 1958. Sur 577 parlementaires, plus d’une centaine a décidé de ne pas se représenter. Des avocats, des agriculteurs, ou des médecins qui préfèrent passer la main en raison de la loi contre le non cumul des mandats ou le besoin de retourner à la vie civile.
« Les électeurs ont manifesté leur envie de voir de nouvelles têtes, et je les comprends. A 70 ans, il est temps que je laisse la place aux jeunes », analyse Jacqueline Fraysse, députée des Hauts-de-Seine (Front de Gauche). Cardiologue de formation, l’ancienne députée-maire de Nanterre rend son tablier après 45 ans de mandat. Entrée à l’Assemblée nationale à 30 ans, Jacqueline Fraysse n’avait jamais imaginé mener cette carrière de femme politique. « Quand on m’a proposé de me présenter aux législatives de 1978, j’étais sur le point de me lancer dans mon projet professionnel, raconte-t-elle. Mais c’était trop douloureux de renoncer à mon métier de cardiologue, alors j’ai accepté à une seule condition : pouvoir exercer en parallèle. »
Et c’est ce qu’elle a fait jusqu’en 2013 au sein du Centre municipal de santé de Gennevilliers. Chaque lundi et vendredi, jours où les députés ne siègent pas, le Dr Fraysse a continué à suivre ses malades. « Ce compromis m’a permis de parler très précisément des préoccupations de mes patients mais aussi de celles de mes collègues à l’Assemblée nationale ».
Conserver un lien avec la population
Un lien avec la population qu’espère conserver le Dr Marc Delatte, médecin généraliste à Cuffies (Hauts-de-France). Le candidat de La République en marche pour la 4e circonscription Soissons-Chauny/Tergnier se lance pour la première fois dans la bataille législative. « Je travaille dans un département où la population a le sentiment d’avoir été délaissée, et je vois des patients voter Front national par désespérance. Je ne pouvais pas rester sur le quai et laisser passer le train », explique-t-il.
Pour ce généraliste, s’engager dans la vie politique est une suite logique de son engagement dans le monde associatif et dans sa commune. « C’est un acte citoyen », lance-t-il. Et s’il est élu le 18 juin prochain, le Dr Delatte a déjà tout anticipé. « Mon remplaçant va devenir mon associé, mais je tiens à conserver une ou deux demi-journées pour continuer à voir mes patients et maintenir un lien avec la population. Il est très important de ne jamais se couper du terrain », explique-t-il.
120 praticiens candidats
Mais le Dr Fraysse prévient son confrère : mener cette double vie est très compliqué, voire épuisant. « Le monde politique est très rude, et puis on a souvent le sentiment de ne pas réussir à régler tous les problèmes », décrit-elle. Ses consultations de cardiologie lui ont alors été d’une grande aide. « Quand je recevais mes patients, j’avais un sentiment intense de leur rendre service. C’était très gratifiant », confie-t-elle.
Sur les bancs de l’Assemblée, une trentaine d’élus ont appris à jongler entre leur mandat de député et leur activité médicale. Sur les 7 882 candidats à ces élections, près de 130 praticiens libéraux et hospitaliers vont tenter leur chance.