Les patients souffrant d’insuffisance coronarienne chez lesquels les traitements médicamenteux (bêta-bloquants, statines, anti-agrégants plaquettaires…) et les éventuelles angioplasties n’ont pas fonctionné subissent souvent un pontage coronarien.
C’est une chirurgie lourde, à cœur ouvert, mais pour laquelle le pronostic est bon. Les progrès chirurgicaux réalisés depuis une trentaine d’années confèrent désormais aux patients qui en ont bénéficié une survie quasiment identique à celle de la population générale.
Mais entre 8 et 10 ans après l’intervention, la mortalité augmente très fortement.
62 % de mortalité en plus
C’est ce qu’ont observé des épidémiologistes de l’hôpital universitaire d’Aarhus (Danemark), grâce à une étude sur plus de 50 000 patients opérés entre 1980 et 2009, dont ils publient les résultats dans la revue Circulation: Cardiovascular Quality and Outcomes.
En comparant leur survie sur 30 ans à celle d’une cohorte de 500 000 personnes, ils ont remarqué qu’elle était quasiment identique pendant les huit années suivant l’opération – à l’exception du premier mois, où elle est entre 20 et 25 fois plus élevée.
Ensuite, entre 10 et 20 ans, elle est plus élevée de 62 % chez les patients opérés, et entre 20 et 30 ans, de 76 %.
Retour de l’insuffisance ?
« Nous disposons désormais de chiffres précis pour établir des pronostics, y compris à long terme, pour des patients qui ont subi un pontage », explique le Dr Kasper Adelborg, du département d’épidémiologie clinique de l’hôpital universitaire d’Aarhus, et auteur principal de l’étude.
Les chercheurs ont formulé quelques hypothèses pour expliquer cette hausse brutale de risques. L’extension progressive de l’athérosclérose et le durcissement des parois de l’artère coronaire, qui provoquent l’insuffisance coronarienne, ainsi que le vieillissement du matériel implanté lors de la chirurgie, sont sans doute responsables.
Les visites de contrôle pourraient donc être renforcées au bout de 10 ans.
À quoi sert un pontage coronarien ?
Lorsqu’un patient souffre d’insuffisance coronarienne, c’est, le plus souvent, en raison d’une athérosclérose dans l’artère coronaire principale, ou dans l’une de ses bifurcations.
Un amas de lipides, glucides complexes, produits du sang, dépôts calcaires et minéraux obstrue les vaisseaux, et provoque un rétrécissement de son diamètre et une perte de son élasticité, limitant ainsi le débit de sang.
Le muscle cardiaque, dont la survie dépend de l’afflux de sang en provenance des artères coronaires, est alors en souffrance, et fonctionne mal : c’est une angine de poitrine ou un infarctus du myocarde.
Le pontage coronarien (qui peut être double, triple, quadruple ou même quintuple) consiste à contourner la partie de l’artère coronaire rétrécie en greffant un (ou plusieurs) autre(s) vaisseau(x) (veine de la cuisse ou artère mammaire par exemple) en aval du rétrécissement qui cause l’insuffisance, et de l’autre côté, à l’aorte.
La circulation est alors rétablie dans les artères coronaires qui irriguent à nouveau le muscle cardiaque.