C’est la double peine pour les migrants qui vivent sous le métro aérien de la Chapelle. Dans ce camp de fortune, une épidémie de gale menace. D’après les informations de France Info, une centaine de réfugiés a été traitée pour cette maladie très contagieuse. Si celle-ci se traite facilement, les conditions de vie de ces déplacés complique leur prise en charge.
Ils sont plus de 150 à souffrir des symptômes de la gale au sein du camp de la Chapelle. Jusqu’à 164, d’après les estimations de Médecins Sans Frontières, dont la clinique mobile se rend régulièrement dans le secteur. « Aujourd’hui, cela correspond à un tiers des consultations », selon Mondane Berthault, médecin généraliste interrogée par nos confrères de France Info.
Des précédents à Calais
Il faut dire que les conditions de vie des migrants n’aident en rien. Les tentes sont collées les unes aux autres, aucun point d’eau ne permet aux habitants de se laver. Pour ne rien arranger, le parasite responsable de la gale s’épanouit dans cette promiscuité forcée. La maladie se transmet par des contacts physiques fréquents et répétés.
Le phénomène n’est pas inconnu des médecins humanitaires. En 2014 déjà, une épidémie a servi d’argument aux autorités pour évacuer plusieurs campements de la ville de Calais (Nord). Un quart des habitants de ces logements de fortune souffraient de la gale. Au cœur de la jungle, l’Institut de veille sanitaire (InVS) avait estimé à 20 % le nombre de diagnostics survenus entre 2015 et mi-2016.
328 nouveaux cas en 2010
Il est, en réalité, difficile d’estimer la présence réelle de la gale en France. Comme le rappelle l’Assurance maladie, « il n’existe pas de surveillance spécifique de la gale ». L’InVS s’y est essayé en 2011. En s’appuyant sur les ventes de scabicides, utilisés en traitement, elle a estimé que 328 nouveaux cas étaient survenus en 2010 pour 100 000 habitants.
Bien avant l’arrivée accrue de migrants en France, une tendance à la recrudescence a été observée. D’après le Haut conseil de la santé publique (HCSP), la maladie a progressé de 10 % par an entre 2005 et 2009.
Un risque de complications
A première vue, cette résurgence n’a rien d’inquiétant. La gale se traite bien, soit par un traitement local, soit par médicaments oraux. Mais éradiquer durablement le parasite nécessite des conditions d’hygiène idéales : se doucher et nettoyer les vêtements à haute température est nécessaire. Ce qui n’est pas possible au campement de la Chapelle.
Outre la persistance de l’épidémie, ces conditions de vie favorisent le risque de surinfection, notamment à cause du staphylocoque. Un eczéma peut aussi survenir. Les migrants « ne peuvent pas se couper les ongles, devenus longs et sales », indique Mondane Berthault à France Info. D’autant que l’extrême mobilité de ces populations complique le suivi médical.