Plus d’un travailleurs sur dix ; plus de deux millions en tout. En absolu ou en proportions, qu’importe, de toutes façons les chiffres donnent le vertige. En France, ceux qui gagnent leur pain doivent au passage s’intoxiquer, absorber ou subir les multiples « nuisances cancérogènes » que génère leur environnement. Environ 2,6 millions de salariés ont été exposés à au moins l’une de ces nuisances, selon le dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire de Santé Publique France.
Les travaux ont été menés sur la période 2009-2010, au cours de laquelle 12 % des travailleurs français ont subi une « nuisance cancérogène », selon les auteurs. Les sources d’exposition peuvent être liées à des produits chimiques, à la manipulation de médicaments anticancéreux, à de la poussières de bois…
Les hommes plus exposés
Mais il peut aussi s’agir d’émissions de moteurs diesel, ou encore de travail de nuit : les « nuisance cancérogène » sont nombreuses. Au moins 757 000 salariés en cumulent deux et 264 650 travailleurs en subissent au moins trois, les hommes étant plus touchés que les femmes (2 millions contre 600 000).
Les auteurs ont sélectionné trois types de cancérogènes. D’abord, les agents chimiques, au nombre de 24, cancérogènes avérés ou probables. Les rayonnements ionisants, cancérogène avéré, figurent dans la deuxième catégorie de nuisances et le travail de nuit (au moins 45 nuits par an), associé à un excès de risque de cancer du sein chez les femmes, compose la dernière.
Ouvriers, professionnels de santé...
Dans le détail, l'exposition aux cancérogènes chimiques concernait 2,2 millions de salariés (1,9 million d'hommes et 272 000 femmes), celle aux rayonnements ionisants 259 000 personnes (136 000 hommes et 123 000 femmes). Enfin, 236 500 femmes salariées travaillaient au moins 45 nuits par an. Parmi les salariés exposés, 78 % étaient des hommes, 15 % des femmes en âge de procréer (moins de 45 ans) et 7 % des seniors.
Selon les chercheurs, les nuisances les plus fréquemment observées chez les hommes étaient les émissions de moteurs diesel, les huiles minérales entières, les poussières de bois et la silice cristalline. Chez les femmes, les nuisances les plus fréquentes étaient le travail de nuit, l'exposition aux rayonnements ionisants puis l'exposition au formaldéhyde, (substance chimique cancérogène utilisée comme conservateur et désinfectant), et aux médicaments anticancéreux.
Les professions les plus touchées par ces nuisances étaient les hommes ouvriers du bâtiment et des travaux publics, de la maintenance, du travail des métaux, des transports et de la réparation automobile. Chez les femmes, les nuisances concernaient en premier lieu les professions de santé (infirmières, sages-femmes, aides-soignantes), les coiffeuses, les esthéticiennes et le personnel des « industries de process » (industries chimiques, papetières, etc.).