Devant l'engouement suscité par la cigarette électronique, Marisol Touraine a demandé une enquête à ses services. Ni médicament, ni substitut nicotinique, la e-cigarette ne dispose pas d'un statut clair, au regard, par exemple, des agences sanitaires. Ellles peuvent toutefois émettre un avis. c'est d'aileurs ce qu'avait fait l'Agence nationale de sécurité du médicament en mai 2011. L'Ansm) avait recommandé «de ne pas consommer de cigarettes électroniques». L'Agence affirmait que ces solutions contenaient des quantités de nicotine plus ou moins importantes, qui, même à des concentrations faibles, pouvaient «conduire à des effets indésirables graves».
De l'autre côté de la Manche, l’une des plus importantes associations britanniques de lutte contre le tabagisme, Action on Smoking and Health, se veut beaucoup plus pragmatique. Elle a signé il y a quelques mois une prise de position globalement favorable à la cigarette électronique. « La plupart des maladies associées au tabagisme sont causées par la fumée inhalée et les centaines de produits chimiques qu’elle contient. Comparativement, la nicotine est relativement inoffensive, écrivent ces spécialistes anglais. Les e-cigarettes, qui délivrent de la nicotine sans les toxiques dangereux de la fumée du tabac, sont probablement une alternative moins nocive au tabagisme ». Autre argument avancé, avec la cigarette électronique, plus de tabagisme passif. « Letabagisme passif « électronique » semble moins nocif que l’autre, dans la mesure où la vapeur reste 11 secondes dans l’air contre 15 minutes » avec une ciigarette, précisait le Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue, dans un entretien avec le Parisien.
Jacques Le Houezec est vice-président du Comité national contre le tabagisme, l’association française équivalente de ASH, partage cette approche des experts britanniques. Certes, les données manquent encore quant à l’innocuité de ces e-cigarettes et leur efficacité dans le sevrage tabagique, mais elles restent un moindre mal par rapport à la nocivité de la cigarette elle-même.
Ecoutez Jacques Le Houezec, vice-président du Comité national contre le tabagisme (CNCT) : « La priorité reste l’arrêt du tabac mais en attendant, la cigarette électronique est considérablement moins dangereuse » (Entretien avec pourquoidocteur janvier 2013).
Pour ce spécialiste, les acteurs de la lutte contre le tabac auraient tort de ne pas surfer sur l’engouement des fumeurs pour la cigarette électronique. Des boutiques spécialisées ouvrent dans toutes les villes de France, les forums de discussion se multiplient et le bouche à oreille entre fumeurs fonctionne comme jamais.
Ecoutez Jacques Le Houezec : « Les nicotiniques anonymes n’existent pas. Ce dialogue entre fumeurs est une chance pour lutter contre le tabac ».(Entretien avec pourquoidocteur janvier 2013).