Officiellement, la Jungle de Calais a été démantelée. Mais dans la réalité, les migrants qui rêvent de l’eldorado britannique sont toujours là. Des hommes, des femmes et des enfants qui « subissent des conditions de vie inhumaines », dénonce une nouvelle fois le Défenseur des droits, Jacques Toubon.
En visite sur place le lundi 12 juin, ses services ont constaté « des atteintes aux droits fondamentaux d'une exceptionnelle et inédite gravité ». Les 500 à 600 exilés toujours présents dans le camp dormiraient à même le sol. Les plus chanceux ont reçu un sac de couchage des associations toujours mobilisées. « La volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré », analyse le Défenseur des droits.
Autre moyen de dissuasion : la suppression des points d’eau. Les migrants ne peuvent plus se laver et boire de l’eau. « Se laver et boire de l'eau est leur principale demande », relaye le compte-rendu de la visite. A cela s’ajoute une distribution de repas très limitée, car les associations sont « entravées et menacées » par les pouvoirs publics.
Des migrants traqués
Interrogés par le Défenseur des droits, les migrants « disent être traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville ». Toujours sur le « qui-vive », les migrants ne peuvent plus dormir ni se reposer. « Ils sont visiblement dans un état d'épuisement physique et mental », ajoute-t-il.
Une situation déplorable « sans précédent » qui met en danger les nombreux mineurs isolés mais aussi les femmes. Ne bénéficiant plus de structure d’accueil dédiée depuis la fermeture de Centre Jules-Ferry, les femmes sont susceptibles de faire l'objet de viols et d'exploitation sexuelle.
Parmi elles, les associations ont recensé des jeunes mères ou des femmes sur le point d’accoucher. Et alors que la protection maternelle et infantile impose la mise en place d’un hébergement, elles se retrouvent dans la rue. Il en va de même pour les enfants ou adolescents isolés.
Inquiet, Jacques Toubon exhorte les pouvoirs publics « à ne pas s'obstiner dans ce qui s'apparente à un déni d'existence des exilés qui, présents sur notre territoire, doivent être traités dignement, conformément au droit et aux engagements internationaux qui lient la France ».