« Pasteur (…) se retournerait dans sa tombe ». Agnès Buzyn n’y va pas par quatre chemins pour aborder aujourd’hui dans Le Parisen le sujet de la vaccination en France. Un dossier explosif, rappelle le quotidien, que Marisol Touraine avait soigneusement enterré après avoir lancé une vaste concertation nationale.
Dirigé par le Pr Alain Fischer, le comité avait alors conclu qu’il fallait étendre à onze le nombre de vaccins obligatoires (1) pendant une durée limitée à cinq ans. Aujourd’hui, seuls trois sont obligatoires (DT-Polio), les huit autres sont recommandés.
La nouvelle ministre de la Santé entend mettre fin à « cette exception française » en reprenant les préconisations du Pr Fisher : « Nous réfléchissons donc à rendre obligatoires les onze vaccins pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans », confie-t-elle au journal.
Et, selon la ministre, il y a urgence. « 24 000 cas de rougeole depuis 2008, 10 morts, 1 500 infections pulmonaires graves, 31 encéphalites », énumère-t-elle, en rappelant au sujet de la méningite : « Il n’est pas supportable qu’un ado de 15 ans puisse en mourir parce qu’il n’est pas vacciné ».
Un mois après son arrivée, Agnès Buzyn affiche donc sa détermination. Quitte à heurter une partie de l’opinion opposée à l’obligation vaccinale, elle entend faire de la « protection des enfants » une «priorité ». Sa botte secrète : « la pédagogie », assène-t-elle, dans l’entretien accordé au Parisien. Sans doute a-t-elle tiré les leçons des erreurs de ses prédécesseurs sur le sujet. Les campagnes de vaccination massives imposées sans aucune campagne d’information ou la création de comités Théodule pour calmer les symptômes sans traiter la maladie ont, probablement, nourri le doute dans l’opinion.
(1) Polio, tétanos, diphtérie, coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C.
Retrouvez L'Invité Santé avec le Pr Alain Fischer
diffusée le 24 février 2017