Il devient de plus en plus difficile de soigner des infections bactériennes résistantes, et le désert d’innovation dans le domaine fait peser le risque d’un véritable problème de santé publique mondial, qui inquiète les médecins et les chercheurs. L’OMS appelle des mesures urgentes, destinées à préserver au maximum les molécules utilisées, et à développer la recherche dans le domaine.
Et, enfin, une nouvelle molécule a été identifiée. Des chercheurs de l’université Rutgers (États-Unis) ont découvert une bactérie, présente dans des échantillons prélevés dans le sol italien, qui produit un antibiotique efficace contre les bactéries résistantes.
Streptocoques et staphylocoques
Son nom : la pseudouridimycine (PUM). Elle serait efficace sur une vingtaine de bactéries testées en laboratoire, et en particulier sur deux qui ont développé des résistances préoccupantes : les streptocoques et les staphylocoques.
Elle inhibe l’action d’une enzyme impliquée dans les mécanismes de réplication des bactéries, comme la rifampicine, un antibiotique couramment utilisé depuis les années 1970. Mais elle agit sur un mécanisme légèrement différent ; les résistances développées contre la rifampicine n’atteignent donc pas la PUM, et les deux pourraient même être utilisées en synergie.
Disponible dans 10 ans
Autre bonne nouvelle pour les chercheurs : leurs analyses ont révélé que la PUM provoquait dix fois moins de mutations menant à des résistances que les molécules actuellement disponibles. Ils ont donc dans les mains une molécule vierge, et dont l’efficacité devrait être bien plus longue que pour les autres antibiotiques.
Ces résultats, publiés dans la revue Cell, sont très encourageants. La commercialisation n’est toutefois pas prévue pour demain : des essais cliniques pourraient débuter d’ici trois ans, et la mise sur le marché devrait prendre au moins dix ans.