L’erreur a de quoi laisser pantois. Et elle coûte cher à l’hôpital qui en est à l’origine. Le J.C. Blair Memorial Hospital de Huntingdon (Etats-Unis) doit verser 810 000 euros (900 000 dollars) de dommages et intérêts à Steven Hanes.
En 2013, cet homme de 54 ans a été opéré d’un testicule en raison de douleurs chroniques. Mais le chirurgien s’est trompé de côté, lui retirant l’organe droit.
Hasard du calendrier, une autre « erreur de côté » a fait l’actualité. Cette fois en France. A Reims (Marne), un enfant de 18 mois a été opéré d’une hernie inguinale gauche, début 2016… alors que celle-ci se présentait du côté droit. Une seconde intervention a permis de réparer le tort, mais les parents du bébé envisagent de porter plainte.
Une check-list
L’actualité est épisodiquement riche en la matière. Mais en réalité, les erreurs de côté restent rares. Cela ne concerne qu’une intervention sur 15 000 à 30 000, selon un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) publié en 2012. A l’année, cela représente 30 à 50 déclarations auprès des compagnies d’assurance, chiffrait la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR) en 2014.
Ces taux restent faibles grâce à différentes mesures mises en place par les autorités sanitaires françaises. Et ce, dès 2010. A cette date, la HAS met en place une check-list obligatoire. Elle s’inspire de celle proposée par l’Organisation mondiale de la santé.
Des erreurs évitées
Ce document détaille les processus de vérification aux différents stades de la prise en charge hospitalière, de l’induction de l’anesthésie jusqu’à la sortie de la salle d’opération. Infirmières et chirurgiens doivent ainsi s’assurer, auprès du patient et dans son dossier médical, quelle partie du corps doit être opérée.
Dans la pratique, l’utilité de la check-list se confirme. En témoigne une étude de cas publiée sur le site de la HAS. Les experts y décrivent le cas de Denis, 43 ans, souffrant d’une hernie inguinale à l’aine. Son médecin se trompe de côté dans la lettre le référant à l’hôpital. Grâce à la liste, l’erreur est repérée suffisamment tôt. Le bon côté est opéré.
Marquer le patient
Une autre méthode est de plus en plus utilisée au bloc : marquer le site opératoire, au feutre indélébile. A l’aide d’un symbole universel, dans le cadre d’une procédure formalisée, les équipes indiquent au chirurgien la zone à opérer. Ce qui permet d’éviter des erreurs sérieuses... ou d’identifier son auteur. Car la personne qui marque le site est identifiée dans les documents.
Cette pratique reste cependant minoritaire. En 2014, la HAS a publié les résultats d’une enquête menée auprès 9 000 médecins accrédités. 40 % d’entre eux réalisaient systématiquement le marquage du site, y voyant un outil de sécurité supplémentaire. Mais les autres praticiens, eux, faisaient appel à leur « liberté d’appréciation » et estimaient le nombre de barrières « déjà important, voire excessif ».
Un excès de confiance
Les professionnels de santé pèchent par excès de confiance en refusant tout marquage des patients. Car en la matière, les établissements ont de gros efforts à faire. En 2012 déjà, la HAS plaçait l’identification du patient parmi les 5 problèmes récurrents au sein des hôpitaux.
Cinq ans plus tard, la situation laisse toujours à désirer. Dans son bilan de mi-parcours publié en juin, la HAS pointe encore les défauts d’identification. « Les investigations par patient-traceur confirment encore trop fréquemment le non-respect des règles de vérification ou de traçabilité de l’identité du patient », gronde l’agence sanitaire.
De fait, seuls 27 % des établissements effectuent un travail correct. Pour les autres, les principaux éléments du processus d’identitovigilance ne sont pas respectés.