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Université d’Oxford

Paracétamol : efficace pour prévenir le mal des montagnes

Par Anne-Laure Lebrun

Trouble bien connu des alpinistes, le mal de l'altitude peut être mortel. Pour le prévenir, le paracétamol semble aussi efficace que l'ibuprofène.

Buddha Basnyat
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Si vous préparez un trek dans l’Atlas ou le Népal cet été, n’oubliez pas d’emporter une boîte de paracétamol. Il pourrait vous être très utile en cas de « mal aigu des montagnes », rapporte une étude publiée dans Wilderness & Environmental Medicine.

Au moins un alpiniste sur trois expérimente le mal de l’altitude. S’il se limite généralement à des maux de tête, nausées ou vertiges, ce trouble, qui arrive sans crier gare, provoque dans 2 % des cas des œdèmes pulmonaires, un accident vasculaire cérébral, un coma, voire la mort. Ces cas sévères arrivent surtout aux alentours de 4 000 ou 5 000 mètres. Et même les grimpeurs chevronnés peuvent en souffrir.

« La meilleure prévention au mal aigu des montagnes est une lente ascension, explique le responsable des travaux, le Dr Buddha Basnyat de l’université d’Oxford (Royaume-Uni). Cependant, l’acclimatation à l’altitude peut être ignorée ou jugée impraticable par les populations locales, les randonneurs, les équipes de secours ou les militaires en mission ».


Prévention médicamenteuse

Alors pour s’en prémunir, certains prennent avant le départ et lors de la montée de l’acétazolamide, un diurétique. Mais ce médicament a de nombreuses contre-indications et effets secondaires. D’autres optent pour l’ibuprofène, un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) fréquemment utilisé pour les maux de tête. Mais là aussi, les effets secondaires ne sont pas anodins.

L’équipe de l’université d’Oxford s’est donc attelée à la recherche d’un médicament efficace entraînant peu d’effets indésirables. Ils ont alors testé le paracétamol, un antalgique dont l’action est proche de l’ibuprofène.

Des troubles atténués 

Pour ce faire, ils ont suivi 332 randonneurs participant à l’ascension de l’Everest. Les participants ont été recrutés à Pheriche, village situé à 4 371 m, et Dingboche (4 410 m). Les chercheurs leur ont proposé de prendre 3 cachets de paracétamol par jour ou d’ibuprofène jusqu'à leur arrivée au Lobuche (montagne de 4 940 m). Ni les scientifiques ni les participants ne savaient quel médicament ils avalaient.
Une fois le sommet atteint, les volontaires ont été invités à remplir un questionnaire pour déterminer si les effets de l’altitude s’étaient fait sentir.

Il apparaît que certains randonneurs ont ressenti le mal des montagnes au Lobuche. En revanche, les scientifiques n’ont pas constaté une fréquence ou une sévérité de troubles plus importants dans l’un des deux groupes. « Les résultats de cette étude suggère qu’il n’y aucune différence significative entre le doliprane ou l’ibuprofène utilisé en prophylaxie, résume le Dr Basnyat. Autrement dit : le paracétamol est aussi efficace que l’anti-inflammatoire.

Les chercheurs soulignent toutefois que les travaux méritent d’être poursuivis pour préciser l’usage de ce médicament dans la prévention du mal des montagnes. Ils permettront également de mieux comprendre le mécanisme d’action de cette molécule.