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Déremboursement de l’acide hyaluronique

Arthrose : les rhumatologues interpellent la ministre de la Santé

Par Jonathan Herchkovitch

Le Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR) demande que soit revu le déremboursement de l’acide hyaluronique dans l’arthrose du genou.

stasique/Epictura

Depuis le 1er juin, les injections intra-articulaires d’acide hyaluronique ne sont plus remboursées par l’Assurance maladie. Une décision prise sous la gouvernance de Marisol Touraine, à la suite d’un avis de la Commission d’évaluation des dispositifs médicaux, qui avait dégradé la note de service médical rendu de la technique, utilisée pour les gonarthroses (arthroses du genou).

Une situation « ubuesque » pour le Dr Éric Senbel, Président du Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR), qui, dans une lettre adressée à la nouvelle ministre de la Santé, demande une « remise à plat du dossier, avec une analyse actualisée des données épidémiologiques et de la littérature ».

Absurdité des statuts

Les rhumatologues contestent en effet la dégradation de la technique qui, pour eux, présente un rapport bénéfices/risques intéressant. Elle est au moins aussi efficace que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène) ou le paracétamol, et donnent d’aussi bons résultats que les infiltrations de corticoïdes, réservées aux poussées inflammatoires.

Ils dénoncent également l’absurdité des différents statuts des acides hyaluroniques. Plusieurs produits ont le statut de dispositif médical. Ce sont ceux qui ont été totalement déremboursés. Un autre, le Hyalgan, bénéficie du titre de médicament. Il est encore remboursé à hauteur de 15 %, mais le reste à charge pour les patients reste important, car il n’est pas souvent remboursé par les complémentaires.

« C’est une très mauvaise nouvelle pour les médecins appelés à prendre en charge médicalement l’arthrose du genou et les patients pour lesquels ces injections représentaient une option thérapeutique leur permettant de rester plusieurs mois, voire plusieurs années, sans souffrir et sans avoir besoin de voir le chirurgien », expliquait à Pourquoidocteur le Dr Emmanuel Maheu, rhumatologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), au moment de l’annonce du déremboursement, en avril dernier.

Mauvais calcul

Les médecins, ainsi que les associations de patients, ne nient pas l’efficacité modeste de la visco-supplémentation par l’acide hyaluronique. Ils estiment néanmoins qu’elle suffit à repousser la pose de prothèses de genou. Dérembourser ces médicaments serait donc un mauvais calcul. À la fois d’un point de vue thérapeutique, mais aussi économique.

L’Assurance maladie, qui économise en première intention 68 millions d’euros par an, pourrait perdre beaucoup plus. La pose de prothèse coûtant entre 7 000 et 13 000 euros, contre seulement 120 euros pour l’injection, la facture pourrait s’élever à 800 millions d’euros par an.

Chaque année, 700 000 injections d’acide hyaluronique sont pratiquées, en seconde intention après l’échec des anti-inflammatoires et des antalgiques. Elle permet de lubrifier le genou, et ainsi d’en améliorer la mobilité, et donc de limiter la douleur. Leur déremboursement laisse les patients avec peu de recours, entre les AINS et le paracétamol qui se sont révélés peu efficaces, les opioïdes et leurs effets secondaires, et la prothèse de genou.