Les taxes sur les boissons sucrées ne seraient pas seulement une arme pour lutter contre l’obésité. Elles seraient également bénéfiques pour l’économie, assure une étude publiée dans le numéro de juin de Health Policy.
« Les experts estiment que nous devrions traiter le sucre, et particulièrement celui dans les sodas, comme nous traitons le tabac et l’alcool, en le taxant pour réduire sa consommation et les taux d’obésité », a expliqué le Dr Lennert Veerman, spécialiste en santé publique à l’université du Queensland (Australie) et responsable de ces travaux dans The Conversation.
C’est en tout cas la position de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans un rapport d’octobre 2016, l’agence onusienne a appelé les Etats à augmenter d’au moins 20 % les prix des boissons sucrées afin de réduire dans les mêmes proportions leur consommation.
Des mesures sévères, car la situation mondiale est préoccupante. Un demi-milliard des habitants de la planète sont obèses, et 42 millions d’enfants de moins de 5 ans sont en surpoids ou obèses. A cela s’ajoute une augmentation du nombre de cas de diabète. Plus de 420 millions de personnes en souffrent. Des troubles métaboliques qui font le lit des maladies cardiovasculaires et des cancers.
Davantage de salariés en meilleure santé
Mais au-delà des bénéfices sanitaires, la taxation des boissons sucrées aurait aussi un intérêt économique, selon le Dr Lennert Veerman. Pour arriver à cette conclusion, le spécialiste en santé publique et ses collègues ont modélisé l’impact d’une taxe de 20 % sur la population australienne.
Pour cela, ils ont estimé le nombre de consommateurs de soda, l’indice de masse corporelle dans la population, la prévalence des maladies liées à l’obésité, les taux de mortalité ainsi que le travail rémunéré ou non accompli pour l’année 2010.
« Nos résultats montrent qu’une taxe de 20 % permettrait de prévenir 400 000 cas d’obésité. Trois quarts d’entre eux seraient salariés. Ainsi quelque 300 000 employés de moins seraient obèses », décrit-il.
Des milliards de bénéfices
Ces travaux avancent également qu’une taxe soda aurait rapporté plus de 750 millions de dollars australiens supplémentaires, soit 508 millions d’euros, à l’économie australienne grâce à une main-d’œuvre en meilleure santé qui a moins besoin d’arrêts maladie. Mieux, le bénévolat et tout travail non rémunéré pourraient rapporter plus d’un milliard de dollars australiens (environ 700 millions d’euros).
Ces bénéfices indirects seraient d’ailleurs plus élevés que les économies réalisées pour les systèmes de santé. Au total, les chercheurs estiment que la taxation des boissons sucrées pourrait apporter plus de 2 milliards de dollars australiens de recettes à l’Australie (soit plus de 1,3 milliard d’euros). Des bénéfices très importants qui ne prennent pas en compte la plus grande longévité de la population, et en particulier l’espérance de vie en bonne santé, et les gains en termes de qualité de vie.
Ces résultats pourraient convaincre le nouveau gouvernement français d’augmenter la taxe soda mise en place au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En juin 2016, un rapport parlementaire a préconisé de taper plus fort sur les produits sucrés, et en particulier les sodas. Une mesure qui pourrait rapporter 590 millions d’euros par an à l’Etat français.