Comment expliquer des actes complexes, et parfois invasifs, à des enfants ? Pas toujours simple ni rassurant, ni pour eux, ni pour leurs parents. Céline Fernandez et Hanh Hervé, deux manipulatrices en électroradiologie médicale à l’hôpital de la Timone (Marseille), ont eu une idée : créer de petites vidéos expliquant, en des termes simples, les procédures… avec des Playmobil.
Les deux femmes ont écrit des scénarios, validés par les responsables du service, et tourné – pour l’instant – deux vidéos en stop-motion. L’une pour préparer les enfants à un examen sous anesthésie générale, et l’autre pour une intervention vasculaire sous anesthésie locale (embolisation de malformation veineuse).
Des documents trop techniques
« Nous distribuons systématiquement des documents explicatifs, qui accompagnent le formulaire de consentement éclairé, confie à Pourquoidocteur le Pr Philippe Petit, chef du service d’imagerie pédiatrique à la Timone. Mais ils sont très techniques. » Ils ne sont d’ailleurs pas destinés aux enfants, et les parents les comprennent rarement eux-mêmes. Ils laissent tout le monde dans le flou.
La prise en charge de l’enfant est spécifique, et se fait dans des centres dédiés. S’ils sont souvent adaptés pour l’enfant, embellis et personnalisés, leur statut de centre spécialisé fait peur. Lorsqu’il s’agit de réaliser des clichés en milieu radiologique, cela ne pose pas trop de problèmes, car l’environnement n’est pas tellement inquiétant.
« Mais lorsque les enfants arrivent en salle interventionnelle pour un examen invasif, c’est différent, poursuit le radiologue. Elle ressemble à un bloc de chirurgie, avec toute une batterie d’appareils qui bipent et qui clignotent. Les manipulateurs et les médecins portent des gants, des charlottes et des masques, et les enfants ne voient que les yeux. Ce qui peut être angoissant. »
Interventions moins lourdes
Peur de l’hôpital, manque de compréhension… Les actes sont angoissants. L’objectif des vidéos, c’est donc d’impliquer l’enfant, et d’obtenir sa participation à la démarche. En les préparant, leur anxiété diminue, ce qui est profitable en soi, mais pas uniquement. Certaines interventions peuvent être réalisées sous anesthésie locale, ou même sous hypnose.
Et pour ces dernières, la vidéo peut être un facteur déclenchant l’adhésion de l’enfant. En évitant les anesthésies générales, les interventions sont moins lourdes, et le patient sort plus vite. Les vidéos profitent à l’enfant, mais aussi à l’hôpital, qui peut réduire le personnel requis lors des interventions, notamment chez les anesthésistes.
En avant les histoires
Réticente au début, la société Playmobil a finalement accepté que ses petits personnages soient utilisés par l’unité de radiologie interventionnelle. Et pour l’instant, même si encore peu de patients ont pu voir la vidéo, les retours sont excellents, affirme le Pr Petit. « Tout ce qui participe à l’explication, et permet de diminuer le stress, est particulièrement bien reçu », précise-t-il.
Et l’initiative pourrait faire tache d’huile : l’unité de scanner pour l’enfant de l’hôpital marseillais prépare, elle aussi, son épisode. Sans doute bientôt d’autres histoires à raconter…