L’été arrive, le Samu social sature. Le 115, numéro d’urgence pour les sans-abri, endure une aggravation de ses conditions d’accueil. Alors que pendant l’hiver, un appel sur deux aboutissait à une solution, ces derniers jours, 60 % des demandes d’hébergement ont dû être éconduites faute de places disponibles, selon la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars).
« Les chiffres du 115 au niveau national sont désastreux et dégradés par rapport à l’hiver où on connaissait déjà une situation d’extrême saturation », a ainsi expliqué Florent Gueguen, le directeur de la fédération qui regroupe 850 associations, cité par l’AFP.
Des centaines de familles refusées
Ce mardi à Paris, 557 personnes en famille ont sollicité le 115 sans trouver de solution d’hébergement. Il s’agit là d’« un pic », selon la Fédération. Les départements où la situation est la plus tendue sont le Rhône, la Gironde, l’Isère et la Seine-Saint-Denis.
Selon la Fnars, cette saturation est liée à la diminution du nombre de places d’hébergement depuis mars, date de la fin de la trêve hivernale. Le parc d’hébergement compte actuellement 120 000 places pérennes, auxquelles s’ajoutent plus de 10 000 places en période hivernale et 5 000 lorsque le plan Grand Froid est activé.
"Gestion saisonnière"
La Fédération dénonce « un gouvernement qui continue à avoir une gestion saisonnière de ce qui est une crise humanitaire, et continue à ouvrir des places en novembre pour les fermer en mars », cite encore l’AFP.
La Fnars évoque un « sentiment général de déni de réalité » et s’insurge des consignes données par le ministère en charge du logement pour protéger les sans-abri pendant la canicule. Ce mardi, les autorités ont en effet recommandé aux associations d’orienter ces personnes vers les centres d’hébergement, « comme s’il y avait des places disponibles ! », s’est insurgé Florent Gueguen.
Situation migratoire
Selon le cite Parisvox, les tensions sont également liées à la situation migratoire dans la capitale et à l’incapacité des autorités à prendre en charge les flux. Le directeur du Samu social de Paris, Eric Pliez, appelle ainsi à « régulariser les migrants clandestins dont on sait pertinemment qu’ils resteront » afin de pouvoir libérer des places. En effet, certaines familles occupent des places d’hébergement depuis plusieurs années, alors qu’il s’agit d’un dispositif d’urgence. En offrant un statut de réfugié à ces personnes, elles pourront se tourner vers des structures d’accueil spécifiques.
Selon Parisvox, la situation est d’autant plus critique que le centre d’hébergement de migrants de la Chapelle connaît lui aussi des problèmes de surpopulation. Les personnes sont alors renvoyées vers le 115.