L’observation du cœur sous échocardiographie est perturbée chez les femmes qui se sont fait poser des implants mammaires, à cause de la matière des prothèses, qui ne laisse pas passer les ultrasons utilisés par les appareils. Les électrocardiogrammes (ECG) pourraient aussi être impactés.
Des résultats de recherche présentés au congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC), à Vienne (Autriche), montrent en effet qu’elles peuvent troubler le résultat des examens. Les courbes obtenues peuvent suggérer une maladie coronarienne, voire même un infarctus chez des femmes sans aucun problème cardiaque.
Des erreurs dans un cas sur deux
Les chercheurs ont recruté 48 femmes sans maladie cardiaque, dont 28 portaient des implants. Ils ont réalisé des électrocardiogrammes qu’ils ont présenté à deux électrophysiologistes, qui n’avaient aucune information sur les sujets de l’étude, pour qu’ils les analysent.
Pour les 20 femmes du groupe de contrôle, sans implant, les spécialistes ne se sont « trompés » qu’une seule fois : l’un d’entre eux a estimé que l’ECG de l’une des femmes était anormal. En revanche, pour celles qui portent des prothèses, ils ont repéré des anomalies dans 38 et 52 % des cas. Toujours à tort.
Faux infarctus
Les enregistrements erronés présentaient le plus souvent une « inversion des ondes T » et un « sous-décalage du segment ST ». « L’inversion des ondes T est un signe non spécifique, mais peut indiquer la présence d’une maladie coronarienne, et le sous-décalage du segment ST est révélateur d’un probable infarctus », précise le Dr Sok-Sithikun Bun, cardiologue à l’hôpital Princesse-Grace à Monaco, où a été réalisée l’étude.
Et il y a peu de doute sur l’origine de ces anomalies. La principale différence entre les deux groupes de femmes résidant dans la présence ou non de prothèses mammaires. Les cardiologues monégasques pensent qu’elles en sont à l’origine. « Parmi les explications possibles, nous pensons que les implants forment une sorte de barrière, qui perturbe la transmission des signaux électriques vers les électrodes de l’électrocardiographe. »
Pas significatif
Ces résultats étonnent le Dr Patrick Assyag, cardiologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris). « Dans mon expérience, je n’ai jamais remarqué d’anomalie liée aux prothèses mammaires, explique-t-il. L’échocardiographie pose plus de problèmes, il faut trouver une incidence différente pour observer le cœur, mais pas avec l’ECG. Aucune recommandation ne va dans ce sens.
C’est vrai que si l’on cherche bien, on trouve toujours une anomalie, il peut y avoir de petites modifications de l’espace intercostal, qui induisent de très légères anomalies, mais rien de significatif. »
Le Dr Bun, de son côté, recommande que les femmes porteuses d’implants préviennent leur cardiologue de leur présence, avant un ECG. Il pense aussi qu’il serait opportun de réaliser l’examen avant toute opération d’augmentation mammaire, et d’en conserver les résultats. En cas de nécessité, ils pourraient servir de référence.