Pour lutter contre l’infection à Helicobacter pylori, les pratiques diagnostiques et thérapeutiques doivent évoluer, estime la Haute Autorité de santé (HAS). Dans un communiqué de presse, l’agence explique, en effet, que les recommandations actuelles sont mal connues ou mal appliquées par les médecins.
En France, entre 15 et 30 % de la population sont contaminés par cette bactérie qui colonise exclusivement le tube digestif. Dans les régions de forte endémie – l’Afrique, le Maghreb et l’Asie –, près de 80 % de la population seraient infectés. « On estime que 6 à 10 % des malades infectés développeront un ulcère et que 1 % développera un adénocarcinome gastrique après plusieurs décennies ».
Au vu des risques encourus, il est donc très important de pouvoir la repérer et l’éliminer efficacement. Or, la HAS observe aujourd’hui que les pratiques médicales diffèrent des recommandations officielles, limitant l’efficacité des traitements. Aussi rappelle-t-elle certaines règles à suivre en cas de suspicion d’une infection à H. pylori.
Comment rechercher la bactérie
La HAS rappelle qu’en cas d’ulcère gastrique ou duodénal, ou d’un antécédent d’ulcère, la recherche de la bactérie doit être effectuée. Chez les patients ne présentant aucun symptôme, celle-ci doit d’abord inclure un examen sérologique. Si cela s’avère positif, une endoscopie digestive (gastroscopie) avec biopsie devra être réalisée. En revanche, cet examen invasif sera prescrit en 1ère intention chez les patients présentant des signes de pathologies digestives ou en cas de facteurs de risque du cancer de l’estomac (antécédents familiaux). Il est également recommandé avant une chirurgie de l'obésité de type bypass.
Cette technique d’exploration permet à la fois de rechercher la présence de la bactérie et de détecter des lésions précancéreuses. Elle permet également de tester la sensibilité de la souche bactérienne aux différents antibiotiques, et ainsi de choisir la meilleure option thérapeutique.
Antibiorésistance
Une analyse indispensable aujourd’hui du fait de la progression de résistance bactérienne à ces médicaments. H. pylori est particulièrement résistante à la clarithromycine. C’est pourquoi la HAS préconise l’utilisation d’une « trithérapie » pendant 10 jours composée de métronidazole, d’amoxicilline ou de tétracycline. A quoi s’ajoute une cure d’IPP pour lutter contre l’acidification de l’estomac et optimiser le traitement antibiotique.
Le succès du traitement dépend également de l’observance des patients, rappelle l’autorité de santé. Elle souligne donc l’importance d’expliquer et d’informer le patient sur son traitement. Un document d'information pour les patients devrait d'ailleurs être publié en 2018.
L’efficacité repose également sur une bonne coordination entre les différents professionnels de santé. Pour faciliter le dialogue et s’assurer que les points importants sont connus, la HAS a mis au point 5 courriers types disponibles sur son site.