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Des assistants sexuels pour oublier le handicap

Par Philippe Berrebi

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Parce que la France a jeté un voile sur ce sujet, Libération a décidé de le mettre en couverture. « Handicap, du sexe pour tous », titre le quotidien à propos de la sortie en salle cette semaine de « The Sessions ». Ce film aborde le sujet « casse-gueule », écrivent Eric Favereau et Anne-Claire Genthialon, des assistants sexuels pour les personnes handicapées. Un récit tiré de l’histoire vraie d’un journaliste américain qui a passé une grande partie de sa vie dans un poumon d’acier à cause d’une infection polyomyélitique contractée pendant l’enfance. A 38 ans, Marc O’Brien décide de perdre sa virginité en faisant appel à une sexual surrogate. « Je voulais être aimé, que l’on me prenne dans les bras, qu’on me caresse et qu’on m’apprécie, confie l’Américain dans une interview.

Si les Etats-Unis et plusieurs pays européens reconnaissent cette activité et ont donné un statut aux assistants sexuels, les élus français préfèrent regarder ailleurs. De rares colloques rappellent la réalité du sujet mais, comme le résume Julia Tabath, responsable de l’association CH(s)OSE, « nous avons le droit de recevoir beaucoup d’aides, mais aucune pour notre sexualité ».

En France, écrivent les journalistes, faire l’intermédiaire entre une personne qui a des rapports sexuels rémunérés et une autre qui paie est considéré comme du proxénétisme. Si les assistants sont payés, rectifie Julia Tabath, c’est pour éviter toute confusion entre assistance sexuelle et relation amoureuse.
L’association demande une exception à la loi pénale pour ce type d’exercice. « Il n’y pas de droit à la sexualité », réfute une autre association qui s’oppose à « cette marchandisation des corps ». Selon le collectif Handicap, Sexualité, Dignité, « l’assistance sexuelle ne ferait que renforcer la ghettoïsation des personnes en situation de handicap ».

Alors, faute de cadre légal, l’activité se pratique de manière clandestine, explique le quotidien. Une directrice d’un établissement spécialisé envisage d’affréter un car pour les Pays-Bas pour permettre à des myopathes de rencontrer des assistants sexuels. Un père de famille accompagne son fils adulte paralysé à Genève pour qu’il puisse vivre son initiation sexuelle.

Selon les informations recueillies par le quotidien auprès du gouvernement, cette question n’est toujours « pas à l’ordre du jour ». Un million d’handicapés mentaux et plus de deux millions d’handicapés moteurs vivent en France.