La France fume des joints. Cette tendance bien connue se vérifie encore dans les dernières données sur l’usage des drogues dans l’Hexagone, mises à jour ce vendredi par l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies). En s’appuyant notamment sur le Baromètre Santé 2016, l’Observatoire a pu réévaluer les consommations françaises des substances psychoactives. Le cannabis confirme sa place de produit illicite de prédilection – derrière les drogues légales que sont l’alcool et le tabac.
« En 2016, on compte dans la population âgée de 11 à 64 ans autour de 17 millions d’expérimentateurs de cannabis, note l’OFDT dans son dernier numéro Tendances, qui accompagne la publication des données. Parmi eux, cinq millions sont des usagers dans l’année alors que 1,4 million fument au moins dix fois par mois. Enfin, 700 000 individus se déclarent usagers quotidiens de cannabis ».
Rapportés à la population des 18-64 ans, ces chiffres donnent 42 % d’adultes expérimentateurs, 11 % de fumeurs dans l’année (15 % pour les hommes, 7 % pour les femmes) et 3 % de fumeurs réguliers.
Stagnation
Les chiffres peuvent sembler impressionnants, mais la tendance est à la stagnation. En effet, la remise à jour des données de 2014 survient après une forte hausse de l’usage récent de cannabis. Or, les derniers chiffres montrent que cette hausse ne s’est pas poursuivie en 2015 et en 2016. Par extrapolation, l’OFDT s’attend à des chiffres similaires dans les prochaines années – du moins concernant les niveaux d’expérimentation.
Il n’empêche. En Europe, la France tient toujours le haut du tableau des fumeurs de marijuana, avec une prévalence de la consommation dans l’année « nettement supérieure à celles observées dans la plupart des pays ». Par ailleurs, sur les 25 dernières années, la part de consommateurs a « globalement progressé », note l’OFDT.
Une drogue de jeunes
Les chiffres montrent ainsi que l’usage du cannabis s’installe en routine chez les Français, avec un effet clairement générationnel. L’expérimentation a souvent lieu entre 15 et 25 ans. La consommation actuelle concerne « surtout les plus jeunes et les hommes (28 % des 15-25 ans, 35 % des hommes et 21 % des femmes). Elle diminue ensuite avec l’âge pour ne plus atteindre que 2 % de la population au-delà de 55 ans ».
Assez logiquement, le cannabis engendre des troubles surtout chez les plus jeunes. Ainsi, un usage problématique est détecté chez 2 % des 18-64 ans. Mais chez les consommateurs de 17 ans, cette proportion grimpe à 8 %. « On peut estimer à 22 000 le nombre de jeunes consommateurs de cannabis accueillis au cours de l’année dans les CJC », ces Consultations Jeunes Consommateurs qui s’adressent aux adolescents.
Alcool : peut moins boire - La consommation d’alcool diminue en France depuis ces dernières décennies, mais les Français (à partir de 15 ans) boivent quand même 11,9 litres d’alcool pur par an en moyenne. Le pays est l’un des plus gros consommateurs au monde et les jeunes ne dérogent pas à la tendance. Ainsi, près d’un jeune de 17 ans sur deux (49 %) a déclaré une API (alcoolisation ponctuelle importante) au cours de l’année 2014 ; 12 % de cette même population a une consommation régulière d’alcool.
Tabac : tous au sevrage - La France se démarque par son niveau élevé de tabagisme, notamment chez les jeunes. Ainsi, 32 % des adolescents de 17 ans fument quotidiennement. Entre 2014 et 2016, la consommation quotidienne des 18-75 ans est en revanche restée stable. Certains indicateurs semblent par ailleurs indiquer une évolution positive – avec toutes les précautions que cela induit. En 2016, le nombre de personnes ayant recours à un traitement d’aide à l’arrêt du tabac a ainsi augmenté de 16,5 % par rapport à 2015. « Ce mouvement permet de dépasser les deux millions de patients traités ».
MDMA : explosion des concentrations - Les produits issus de la MDMA (poudre, cristaux, cachets d’ecstasy) ont vu leur concentration exploser au cours des dernières années, atteignant des taux inquiétants. En 2010, la concentration des échantillons de MDMA poudre/cristal atteignait 21 %. « Elle est passée à près de 83 % en 2016 ». Le prix au gramme, lui, a tendance à diminuer. Quant au nombre de consommateurs, il poursuit sa hausse depuis quelques années. Ainsi, l’usage dans l’année concerne 0,9 % des 18-64 ans en 2014, soit trois fois plus qu’en 2010. Chez les jeunes, l’expérimentation augmente également (1,9 % des jeunes de 17 ans en 2011, 3,8 % en 2014).