C’est sur le chemin d’un parcours contrarié qu’Adnane Remmal a peut-être fait une découverte médicale majeure. Ce professeur de biologie marocain vient de recevoir le prix public de l’inventeur 2017 décerné par l’Observatoire européen des brevets.
Grâce aux huiles essentielles, raconte la journaliste de BFMTV, Nina Godart, il a réussi à "booster" des antibiotiques devenus inefficaces par la résistance des bactéries. Un fléau majeur qui menace la planète, répète inlassablement l’OMS.
Jeune chercheur à Paris dans les années 90, Adnane Remmal se spécialise dans l’hypertension artérielle. Des laboratoires de recherche français lui proposent un poste et un avenir. Il décline. C’est au pays qu’il veut exercer. Mais au Maroc, sa spécialité ne fait pas partie des priorités.
Le hasard va le conduire dans les blocs opératoires. Là, les chirurgiens lui parlent de leurs patients opérés avec succès, mais qui décèdent faute d’arsenal thérapeutique contre les infections nosocomiales.
Finie l’hypertension, le chercheur se met à la biologie. Avec une idée en tête : les huiles essentielles. Au Maroc, elles sont la base des soins. Avec un chimiste, Adnane Remmal se met sur la piste du principe actif et se concentre sur la façon dont il agit. « Un antibiotique, explique-t-il, fonctionne comme une clé qui ouvre une serrure. Si la bactérie mute, la serrure a changé, la clé ne sert plus à rien. »
En dopant l’antibiotique aux huiles essentielles, poursuit la journaliste, « Remmal a inventé une clef qui ne se contente pas d'ouvrir la porte, mais qui la démolit ».
Après dix années de recherche, les essais cliniques sont lancés et, s’ils sont concluants, un médicament devrait voir le jour l’année prochaine. Celui qui est devenu une sommité dans son pays a décliné les offres de la big pharma qui convoitait son brevet. Le médicament restera 100 % marocain et ce sont les élèves qu’ Adnane Remmal forme tous les jours à l'université de Fès qui raconteront la suite de cette histoire.