Un joint en prévention des crises de migraine. C’est, à quelques détails près, ce que propose une équipe italienne. Lors du congrès de l’Académie européenne de neurologie, qui se tient à Amsterdam (Pays-Bas) du 24 au 27 juin, elle a présenté les résultats d’une étude portant sur l’impact des deux principaux composés du cannabis : le THC et le cannabidiol. Ces substances ont un fort potentiel en prévention des crises douloureuses.
Des doses élevées
L’étude s’est déroulée en deux parties. Dans un premier temps, les chercheurs ont testé différentes doses sur 48 patients souffrant de migraine chronique. La composition finale, qui combine THC et cannabidiol, s’élève à 200 mg de principe actif par prise – avec 19 % de THC.
La dose est élevée puisque, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un joint contient 7,5 à 225 mg de THC. Mais en dessous de ce seuil, aucun impact significatif ne se produit sur l’intensité des migraines.
Dans un second temps, les chercheurs ont comparé l’association aux médicaments habituellement utilisés dans la migraine. Les 79 volontaires migraineux ont été séparés en deux groupes : ceux traités par amitriptyline – un antidépresseur utilisé en traitement de fond – ou la combinaison THC-CBD. Pendant trois mois, les Italiens ont suivi de près l’évolution des patients.
Les formes rares désavantagées
Les cannabinoïdes ont un intérêt réel puisqu’au bout de quatre mois, ils font un peu mieux que l’amitriptyline. Tous deux réduisent 40 % des crises. L’intensité de la douleur est également plus faible grâce à la combinaison THC-CBD.
Dans les formes plus rares de migraine, les résultats sont en revanche plus partagés. 48 patients souffrant d’algie vasculaire de la face ont testé les cannabinoïdes ou une dose quotidienne de verapamil, un inhibiteur calcique utilisé couramment. Cette fois, la sévérité et le nombre de crises d’algie vasculaire de la face ne chutent que légèrement.
Chez les personnes souffrant d’algie vasculaire de la face, seules celles dont les symptômes sont apparus dans l’enfance tirent les bénéfices du traitement à base de cannabinoïdes.
Les chercheurs se montrent plutôt enthousiastes face à ces résultats. Car, outre l’impact positif du traitement, les effets secondaires sont moins fréquents qu’avec les autres médicaments. A deux exceptions près : comme pour les joints traditionnels, somnolence et difficultés à se concentrer sont le prix de l’efficacité.