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Sondage sur 1 000 Britanniques

Système de santé : 43 % des Anglais critiquent le NHS

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

Une majorité de Britanniques ne sont pas satisfaits du système de santé national. D'autant que le Brexit menace son avenir.

Matthew Chattle/Shutter/SIPA
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Temps d’attente, manque de lits, de professionnels de santé… Au Royaume-Uni, le système de santé publique est en roue libre. Et ses patients s’en alarment. D’après un sondage réalisé par l’Association des médecins britanniques (BMA), 82 % des habitants de l’île sont inquiets quant à l’avenir du NHS.

Il faut dire qu’entre coupes budgétaires et postes vacants, l’évolution récente du service n’est pas pour rassurer. Ce serait plutôt le contraire : 43 % des Britanniques ne sont pas satisfaits du service public. C’est deux fois plus qu’en 2015. Le taux de satisfaction connaît lui aussi une baisse significative.

15 milliards de livres manquent

« Vous ignorez le NHS à vos risques et périls ». Ce 26 juin, le Dr Mark Porter a directement interpellé la Première ministre, Theresa May. Dans son discours annuel, le président du conseil de la BMA s’est montré très critique à l’égard de la politique menée sur ce dossier. Il n’est pas le seul.

En janvier déjà, la Croix-Rouge parlait du système de santé britannique en des termes peu élogieux. Une « crise humanitaire » sans précédent se prépare, selon l’ONG, qui évoquait alors des conditions comparables à celles du tiers-monde.

Le manque chronique d’investissement se situe au cœur des inquiétudes. Selon les calculs réalisés par la BMA, 15 milliards de livres supplémentaires seraient nécessaires au cours des prochaines années – soit environ 17 milliards d’euros. Ce n’est qu’à ce prix que les hôpitaux et consultations en ville pourront répondre efficacement à la demande croissante.

Des Britanniques inquiets

Seulement, les plans successifs n’ont pas permis de pallier les multiples problèmes du NHS. Loin de là. Les sujets de Sa Majesté ne s’y trompent d’ailleurs pas. 50 % d’entre eux se disent inquiets quant à l’évolution des financements. Pire : 41 % estiment possible que la gratuité des soins prenne fin.

Les faits abondent malheureusement dans leur sens. Récemment, le NHS a envisagé de rationner l’accès aux molécules innovantes, mais coûteuses. Les pistes pour se serrer la ceinture se multiplient, suscitant la colère des médecins.

« Après des années à sous-financer (…) et malgré le dévouement extraordinaire du personnel, le système fait défaut à trop de patients, et trop souvent », déplore le Dr Mark Porter.

18 semaines pour une opération

Ce manque de soutien se manifeste sur plusieurs points. D’abord, les temps d’attente pour obtenir un rendez-vous. Que ce soit auprès d’un généraliste ou d’un radiologue, mieux vaut s’armer de patience.

En 2015, 93 000 personnes ont dû patienter 18 semaines, au minimum, avant de bénéficier d’une opération de routine. Face à ces tensions croissantes, les Britanniques ne sont pas rassurés. 35 % craignent que les délais ne s’allongent davantage.

Ces temps d’attente n’ont encore une fois rien d’étonnant. Selon les médecins interrogés par la BMA, nombre de postes sont vacants dans les établissements du NHS. Et si les horaires sont plus exigeants, les salaires, eux, ont baissé de 17 % en moyenne sur cinq ans.

En flux tendu

Résultat, les hôpitaux et consultations en ville fonctionnent en flux tendu. Les taux d’occupation ont atteint un niveau historique. Dans trois établissements sur quatre, ils excèdent les 95 %.

Alors que la population, vieillissante, est de plus en plus en demande de soins, ce constat n’a rien de rassurant. Et la situation ne devrait pas s’améliorer de sitôt. Le Royaume-Uni est empêtré dans les négociations du Brexit, ce qui devrait nuire au financement du NHS. C’est en tout cas ce que pensent 69 % des sondés. Reste à voir si les événements confirmeront leurs inquiétudes.