La perte de masse musculaire peut rapidement devenir problématique, notamment chez les personnes âgées. En plus de la diminution de la force, qui peut s’avérer handicapante au quotidien pour de petites tâches a priori anodines – l’ouverture d’une bouteille ou d’un pot –, elle est un facteur de risques de chutes.
Il est donc important de maintenir un maximum de cette masse. Une découverte réalisée par un laboratoire français de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pourrait apporter une solution.
Découverte secondaire
Les chercheurs ont identifié une hormone produite par l’intestin, répondant au nom de facteur de croissance des fibroblastes 19 (FGF19), qui permettait d’accroître la taille des cellules musculaires humaines en laboratoire, et d’augmenter la masse musculaire chez des souris. Ils publient leurs résultats dans le Nature Medicine du 26 juin.
Cette hormone est à l’origine connue pour son rôle sur la régulation du glucose. En étudiant ses effets sur des maladies métaboliques comme le diabète de type 2, les scientifiques ont montré que les souris traitées par FGF19 pendant 7 jours se nourrissaient plus que les autres, mais prenaient moins de poids et de graisse.
Gonflette
En y regardant de plus près, ils ont observé une hausse de la masse des muscles squelettiques et de la force des rongeurs. Leurs fibres musculaires avaient grossi. Une conséquence du traitement qui s’est vérifiée en laboratoire, sur des cellules humaines.
Un espoir de traitement pour les personnes âgées. Mais ce ne sont pas les seules concernées : certaines maladies chroniques comme l’obésité, l’insuffisance rénale ou des cancers induisent une perte de masse musculaire, qu’il n’est pas toujours évident de maîtriser. Les immobilisations, après des accidents ou des interventions chirurgicales, ont les mêmes conséquences.
Pour toutes ces personnes, la FGF19 pourrait représenter une arme thérapeutique intéressante. Les chercheurs de l’Inserm, associés à ceux de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), pensent aussi qu’elle pourrait être intégrée à l’élevage animal.
Les capacités cognitives dépendent de la masse musculaire
Outre le fait de diminuer le nombre de chutes, le maintien de la masse musculaire chez les personnes âgées permettrait de limiter le déclin des capacités cognitives. C’est le résultat d’une étude réalisée sur 338 personnes, âgées de 66 ans en moyenne, par des chercheurs de l’université de Finlande de l’Est, dont les résultats sont publiés dans la revue European Geriatric Medicine.
Au cours de leurs expériences, ils ont remarqué que plus les personnes étaient musclées, moins leurs capacités cognitives déclinaient avec l’âge, avec des zones pour lesquelles l’importance de la musculature était supérieure. En particulier, celles sollicitées par les développés-couchés et les séances de rameur (pectoraux, épaules, dorsaux), et les exercices sur les jambes (flexion, extension, presse) présentaient une association plus importante.
En revanche, la mesure classique de la force musculaire, la poigne, n’est pas associée à une modification des capacités cognitives.
Difficile de savoir à ce stade lequel de la musculature en elle-même ou de l’exercice physique est responsable de ces bienfaits sur le cerveau. Mais les chercheurs encouragent à multiplier les recherches sur les liens entre capacités cérébrales et physiques.