Vingt ans d’instruction pour arriver, sans doute à des non-lieux. Le scandale de l’amiante vient de connaître un nouveau rebondissement. Considérant qu’il est impossible de déterminer avec certitude quand les victimes ont été intoxiquées, le Parquet de Paris vient de demander la fin des investigations pénales, nous apprend l’AFP. Ainsi, une vingtaine de dossiers pourraient être classés par le pôle Santé publique de Paris.
Et pourtant ! Partout en France, des chantiers navals de Dunkerque au campus de Jussieu, des personnes ont été exposées pendant des années à cette fibre cancérogène. Avec, bien souvent, des conséquences dramatiques. Selon les autorités sanitaires, rappelle l’Agence France-Presse, l’amiante pourrait être responsable de 10 à 20 % des cancers du poumon et provoquer 100 000 décès d’ici à 2025.
Les réquisitions du Parquet ne remettent pas en cause le lien entre l’amiante et plusieurs pathologies, mais les magistrats n’ont pas pu « dater l’exposition ni la contamination », selon des informations recueillies par Le Monde et l’AFP. Autrement dit, impossible de confondre les auteurs des délits. Les protagonistes ne pourront donc pas être renvoyés devant les tribunaux.
L’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) crie au scandale et estime que la justice fait une interprétation contraire aux résultats d’une expertise judiciaire menée en 2016. « Selon les experts, explique un représentant de l’association, dès que l'on a été exposé, on a été contaminé. C'est aberrant que les magistrats aient une lecture diamétralement opposée ». Dès que les ordonnances seront prononcées, l’Andeva fera appel.
Mais, dans cette bataille judiciaire, les victimes ont, la plupart du temps, essuyé des revers.