Le travail de nuit affecterait le système de réparation de l’ADN, selon des travaux publiés dans Occupational & Environmental Medicine. Les cellules seraient alors plus vulnérables aux lésions ordinaires et se transformeraient plus facilement en cellules cancéreuses.
Les chercheurs de l’université du centre de recherche sur le cancer de Seattle (Etats-Unis) sont parvenus à cette conclusion après avoir étudié 50 employés de nuit. En analysant leurs urines, ils ont constaté qu’ils présentaient une concentration faible d’une molécule appelée 8-OH-dG, traduisant une faible réparation de l’ADN. Le taux de 8-OH-dG représentait seulement 20 % de celui observé après une bonne nuit de sommeil, et ce, même après avoir pris en compte la consommation d’alcool ou de tabac des volontaires.
Les scientifiques ont supposé que cette mauvaise réparation est liée à une faible sécrétion de mélatonine, surnommée l’hormone du sommeil. Cette substance est produite essentiellement la nuit après 3 heures du matin. Sa production dépend de l’alternance jour/nuit. Or, chez les personnes travaillant la nuit, ce cycle est perturbé.
Le rôle clé de la mélatonine
Une hypothèse validée par les analyses réalisées par l’équipe de recherche. Les volontaires affichaient un taux très faible de mélatonine par rapport à des personnes travaillant le jour.
En raison de cette carence en mélatonine, les participants seraient moins protégés contre les radicaux libres ou autres stress cellulaires qui peuvent endommager l’ADN des cellules. « Si ces effets sont confirmés, la supplémentation en mélatonine pourrait être une solution pour réduire les mutations potentiellement cancérogènes chez les travailleurs de nuit », ajoutent les chercheurs.
L’an dernier, des chercheurs l’Institut technologique du Massachusetts (MIT) ont montré dans Cell Metabolism que travailler en horaires décalés provoquait l'inactivation des gènes suppresseurs de tumeurs, ce qui favorise l'apparition de cancers. Ces différents travaux expliquent pourquoi les travailleurs aux horaires atypiques seraient plus à risque de cancer, notamment de cancer du sein chez la femme.