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Pour mise en danger

Accouchement à domicile : une sage-femme risque la radiation

Par Ambre Amias

Une sage-femme accusée par l’Ordre d’avoir mis en danger des mères est convoquée ce vendredi. Ses patientes clament leur soutien à la professionnelle.

lunamarina/epictura

Une sage-femme pratiquant des accouchements à domicile est convoquée vendredi devant le conseil de l'Ordre, qui lui reproche, selon ses soutiens, d'avoir « mis en danger » des mères. Isabelle Koenig, sage-femme libérale depuis trois ans près de Tours, après 32 ans d'exercice à l'hôpital, est accusée d'avoir notamment « tardé à transférer des patientes à la maternité » à la suite de complications et de les avoir « mises en danger ». Il lui est aussi reproché un défaut d'assurance. Elle risque la radiation.

Aucune plainte n'a été déposée de la part des mères concernées. C'est l'hôpital où ont été transférées trois de ses patientes qui a fait un signalement au Conseil de l'Ordre d'Indre-et-Loire, lequel a lui-même porté plainte. Ces patientes ont ou devaient accoucher à domicile, mais elles ont dû être transférées en urgence à la maternité.

"Elle m'a sauvé la vie"

Un collectif s’est créé, « Les bébés d’Isabelle », afin de prendre la défense de la sage-femme. L’une des patientes concernées par un accouchement à domicile problématique – elle a été victime d’une hémorragie après avoir accouché chez elle à 23h25 en juillet 2016 – soutient ainsi que la sage-femme a bel et bien contacté une ambulance, mais que le véhicule n’est arrivé que deux heures plus tard.

« Je ne lui en veux pas du tout, raconte-t-elle, citée par l’AFP. Au contraire, elle m'a sauvé la vie, si elle n'avait pas accepté de me suivre, j'aurais accouché seule (…). Isabelle ne devrait pas être poursuivie, c'est nous qui avons demandé à accoucher à domicile », explique-t-elle, tout en défendant un « accompagnement personnalisé où l'humain prend toute sa dimension ».

"Chasse aux sorcières"

Pour le collectif, composé d’une centaine de membres, la mise en cause d’Isabelle est en réalité un procès contre l’accouchement à domicile et une « chasse aux sorcières » à l’encontre de celles qui le pratiquent. Seules une soixantaine de sages-femmes accepteraient encore de réaliser des accouchements à domicile en France, explique le collectif. En cause : des « pressions » exercées sur la profession, par le biais notamment de contrats d’assurance au coût prohibitif, proche de 25 000 euros, soit un revenu moyen annuel.

L’accouchement à domicile (AAD) programmé est légal en France, même si très peu pratiqué. Il n’existe pas de recensement officiel de ces naissances ; on estime à moins de 1 % les accouchements hors maternité, une évaluation qui comprend les accouchements inopinés comme dans les camions de pompiers ainsi que ceux programmés à domicile.

Accoucher à domicile est accessible aux femmes enceintes qui en font le choix, à condition qu’elles soient à bas risque. Les sages-femmes qui répondent à cette demande le font dans le cadre d’un accompagnement global : la même professionnelle suit la patiente tout au long de sa grossesse et jusqu’en suites de couches.