Comment faire comprendre aux industriels que les consommateurs se lassent d’être intoxiqués par les produits qu’ils utilisent au quotidien – hygiéniques, cosmétiques, textiles, et tant d’autres ? Pour forcer à la prise de conscience, et surtout à l’action, 206 scientifiques de 19 pays ont signé la « Déclaration de Florence sur le triclosan et le triclocarban », publiée dans le journal Environmental Health Perspectives.
Aux Etats-Unis et en Europe, la présence de ces produits est strictement réglementée. En 2014, la Commission européenne a restreint les teneurs en triclosan à 0,3 % dans les dentifrices, les savons pour les mains, les gels-douche, les déodorants, les poudres pour le visage et les fonds de teint, et à 0,2 % pour les bains de bouche.
Insuffisant, selon les signataires de l’appel, qui exigent des Etats des mesures beaucoup plus ambitieuses, ainsi qu’une information transparente représentée par une étiquette sur les produits contenant du triclosan et du triclocarban, indiquant clairement les risques.
Car les auteurs de cet appel remettent directement en cause les bienfaits supposés de ces deux substances chimiques, contenues dans les savons antibactériens, les dentifrices, mais aussi les chaussures, les vêtements de sport… Le triclosan et le triclocarban ont en effet été utilisés pendant des décennies pour leurs propriétés antimicrobiennes, mais les risques excèderaient largement les bénéfices, selon ces scientifiques, qui évoquent un « coup marketing ».
Perturbateur endocrinien
Les substances persistent dans l’environnement, les terres, les eaux, la faune et la flore de la planète. Elles perturbent le système hormonal et reproductif des animaux et sont soupçonnées d’être tout aussi toxiques pour l’homme. On le retrouve dans le lait maternel des femmes dans tous les pays du monde.
Au fil des années, les connaissances se sont accumulées sur ses effets délétères, sa toxicité sur les fœtus, sa propension à induire des plus petits poids de naissance, des naissances prématurées, des boîtes crâniennes à circonférence réduite. Le triclosan est également soupçonné d’être lié à des allergies et à l’aggravation de l’asthme, surtout chez les enfants. Il est aussi soupçonné de favoriser le développement du cancer du sein.
Face à ces dangers, les signataires de ce manifeste réclament l’interdiction pure et simple de ces substances dans les produits si elles ne peuvent pas être remplacées par des molécules inoffensives.