Les infections causées par les staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM) seraient responsables de 2 000 à 3 000 décès par an en France, d’après une étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS). La bactérie est l’un des principaux responsables des maladies nosocomiales.
Pour limiter sa propagation dans les hôpitaux, les protocoles d’hygiène ont été relevés. En particulier, ceux concernant le lavage des mains. Mais, même avec une hygiène parfaite, la bactérie peut être transmise d’un patient à un autre, d’après une étude réalisée à l’université Drexel (Philadelphie, États-Unis), et publiée dans la revue Infection Control & Hospital Epidemiology.
Une transmission pour 100 contacts
Les chercheurs ont étudié la transmission dans une population particulièrement fragile : les nouveau-nés des unités de soins intensifs. Et les résultats ne sont pas rassurants : même lorsque le personnel soignant respecte scrupuleusement les consignes de lavage de mains, le risque de transmission d’un SARM d’un bébé à l’autre n’est réduit que de 86 %.
« Pour les populations de bébés dans les unités de soins intensifs, le SARM est particulièrement important, parce qu’un tiers de ceux qui entrent en contact avec la bactérie contractent une infection sévère », explique Neal Goldstein, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses, et auteur principal de l’étude.
À en croire les simulations réalisées par l’équipe de chercheurs, environ 1 contact sur 100 entre un bébé et un travailleur hospitalier provoque la transmission de SARM. Or, les nouveau-nés admis en soins intensifs y restent en moyenne 9 jours, ce qui représente en moyenne 250 contacts, et donc autant de risques.
Augmenter encore la vigilance
Les chercheurs insistent cependant sur un point : l’hygiène des mains reste essentielle. Lorsqu’elle n’est pas bien respectée, leur analyse suggère que le gain par rapport à son absence totale n’est que de 29 %. Loin des scores obtenus pour les mains les plus propres.
« Je pense qu’en réalité, le contrôle des infections n’est pas, et ne pourra jamais être, parfait, estime Neal Goldstein. Vous pourrez suivre toutes les recommandations et les procédures suggérées, les patients seront toujours colonisés et potentiellement infectés. »
La population a un rôle à jouer
Pour minimiser les risques, le chercheur propose que le personnel hospitalier ne soit pas le seul à être inclus dans les protocoles d’hygiène. Les parents, les visiteurs, et les patients eux-mêmes (lorsqu’il ne s’agit pas de bébés) doivent aussi faire un effort. En plus de l’hygiène des mains, ils sont invités à se méfier des téléphones, des montres, des bijoux, qui sont des nids à bactéries. Ils seront bien moins dangereux à la maison ou dans la voiture.
En dehors de l’hôpital, la résistance bactérienne peut aussi être limitée, avec une utilisation raisonnée des antibiotiques. « Nous sommes tous des acteurs du contrôle infectieux, et pas seulement le personnel médical », conclut Neal Goldstein.