Des tremblements incontrôlables. Voilà le premier symptôme qui vient à l’esprit en évoquant la maladie de Parkinson. Le déclin cognitif, moins fréquent, est plus souvent oublié. Il touche pourtant un tiers des malades au moment du diagnostic. Une équipe internationale s’est penchée sur ce signe handicapant.
Les chercheurs, dont certains exercent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), ont mis au point un score prédictif. Il permet de prévoir quels patients développeront un déclin cognitif, et lesquels seront épargnés par cette évolution. Les recherches qui ont permis d’y aboutir sont publiées dans le Lancet Neurology.
40 % de démences
Ces travaux pourraient s’avérer précieux pour les neurologues qui prennent en charge des patients souffrant de la maladie de Parkinson. Car sur les 200 000 personnes diagnostiquées en France, nombre vont souffrir de troubles cognitifs.
Dans la plupart des cas, les signes sont légers. Mais 40 % des malades finiront par souffrir de démence, selon la Haute Autorité de santé (HAS). Et tout se joue dans la décennie qui suit les premiers symptômes.
C’est justement là qu’intervient le score élaboré par les scientifiques. Il permet de prédire le risque de déclin cognitif dans les dix ans suivant le déclenchement de la maladie. Pour y parvenir, l’équipe a passé en revue les données de 9 cohortes de patients en Europe et en Amérique du Nord.
Orienter la prise en charge
L’outil prédictif n’est pas encore suffisamment précis pour une utilisation en clinique. Son efficacité doit encore être confirmée dans le cadre d’études prospectives. Cela signifie que des patients seront recrutés au début de leur maladie. En fonction de leur évolution, les chercheurs sauront si le score est bel et bien capable de prévoir qui souffrira de déclin cognitif.
Si ces résultats sont positifs, plusieurs utilisations peuvent être envisagées. D’abord, les patients pourront être orientés vers des essais cliniques ciblés sur les troubles cognitifs associés à Parkinson. Mais surtout, les spécialistes auront la possibilité de mettre en place une stratégie thérapeutique adaptée.
Certains facteurs permettent, en effet, de limiter les troubles cognitifs. Par exemple, l’éducation offre une réserve cognitive protectrice. Les personnes les plus éduquées sont donc moins à risque. Ce qu’a confirmé cette étude. A partir du score, il serait donc envisageable, en amont, de proposer aux malades des exercices qui défendront le cerveau dans la mesure du possible.