Ce sont les travaux les plus importants menés en milieu naturel sur le sujet. Les premiers ont été menés en Europe ; les autres au Canada. Tous confirment ce que l’on soupçonnait déjà très largement : les néonicotinoïdes représentent un danger pour les abeilles et pour les autres pollinisateurs qui y sont exposés.
Les résultats de ces études, publiées jeudi dans la revue Science, révèlent également que l'environnement local et l'état de santé des ruches peuvent moduler les effets des néonicotinoïdes, dits pesticides « tueurs d'abeilles » et largement utilisés dans l'agriculture.
Mortalité et reproduction
Mais dans l’absolu, ces substances chimiques qui agissent sur le système nerveux des insectes ont « des effets nettement délétères » sur ces pollinisateurs essentiels à de nombreuses récoltes. Ils induisent notamment une réduction importante de leur taux de reproduction et une forte augmentation de leur mortalité.
Ces travaux ont été partiellement financés par les industriels du secteur, Bayer et Syngenta. La première expérience, conduite sur un total de 3 000 hectares au Royaume-Uni, en Allemagne et en Hongrie, a exposé trois espèces d'abeilles à des récoltes de colza d'hiver dont les semences avaient été traitées avec de la clothianidine de Bayer CropScience, ou avec du thiaméthoxame de Syngenta.
Il s'agit de deux des trois néonicotinoïdes interdits temporairement dans l'Union européenne, en 2013, en raison des craintes liées à leur toxicité sur les abeilles. Or, les chercheurs ont constaté qu'une exposition à ces récoltes réduisait le taux de survie des ruches durant l'hiver. Ainsi, en Hongrie, la population des ruches a diminué de 24 % au printemps suivant.
Espérance de vie réduite
La seconde expérience, menée au Canada, montre que les abeilles ouvrières et les reines dans les ruches en contact avec des néonicotinoïdes mouraient plus tôt et que la santé des colonies était affaiblie.
Les abeilles exposées à du pollen traité avec ces insecticides pendant les neuf premiers jours de leur vie voyaient leur espérance de vie réduite de 23 %. Enfin, les colonies étaient incapables de maintenir de bonnes conditions pour permettre à la reine de pondre.
La France a interdit en 2016 l’utilisation des pesticides néonicotinoïdes. Après avoir annoncé la levée potentielle de cette interdiction, le nouveau gouvernement a fait volte-face et confirmé que ces pesticides resteront bannis du pays.