Pendant sept ans, Nelson a abrité dans son ventre un tube de 25 centimètres. Un tuyau oublié là, dans ses entrailles, pendant sept longues années. Le Parisien se fait l’écho d’un cas particulièrement étonnant d’erreur médicale sur un jeune homme, opéré de l’appendicite lorsqu’il avait 15 ans. Aujourd’hui, le jeune homme en a 22 et vient de se faire retirer deux morceaux d’intestin.
L’origine de son mal remonte à 2010. Nelson est pris en charge pour une appendicite aiguë à Orsay (Essonne). Il subit une ablation de l’appendice mais quatre mois plus tard, ressent d’intenses douleurs sur le côté de son corps, sous le bras droit.
Errance diagnostique
Pendant sept ans, il consulte une vingtaine de fois. « Scanner, échographie, IRM, toujours plus d'examens et un même diagnostic : vous n'avez rien, c'est musculaire », raconte le Parisien. Le jeune homme souffre tant qu’à plusieurs reprises, il doit renoncer à aller travailler à Rungis, où il est préparateur de commandes. Sa petite amie pense qu’il en rajoute un peu.
Jusqu’à cette nuit de mai 2017. La douleur l’arrache du sommeil, il réveille sa compagne en pleurant et l’implore de l’emmener à l’hôpital. Retour à Orsay. Diagnostic : infection pulmonaire. Cinq minutes plus tard, le médecin change d’avis : embolie pulmonaire. Quarante-huit heures plus tard, autre version : infection au foie. Puis finalement non, ce serait un ver tropical dans le foie. Mais bizarre, les vermifuges n’y font rien.
Et pour cause. Nul parasite dans le foie de Nelson, transféré à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), spécialisé dans les maladies tropicales. En l’auscultant, les médecins voient tout de suite que la piste du ver tropical ne tient pas debout. Une radio confirme leurs soupçons.
Organes transpercés
Le jeune homme a en réalité un corps étranger dans le ventre, laissé là à la suite d’une opération chirurgicale. Nelson fait le lien avec son appendicite, sept ans plus tôt. Depuis, le bout de plastique a migré dans son organisme et a transpercé ses organes.
Il faudra trois heures aux chirurgiens pour retirer le tube et sept jours à Nelson pour sortir de l’hôpital. Aujourd’hui, il se repose chez lui, en arrêt de travail. Il peine à marcher et souffre toujours d’une infection au foie. Son ventre balafré porte à jamais l’empreinte de cette lourde erreur.
Le jeune homme va engager une action en justice, précise le Parisien. Son avocat, Me Jean-Michel Scharr, spécialiste des erreurs médicales, souligne les conséquences tragiques de cet oubli : « En général, les médecins s'en aperçoivent rapidement et réopèrent. Sept ans, c'est exceptionnel. Sa jeunesse est brisée. »