« Quand j’ai reçu le courrier m’invitant à participer à l’étude Constances je me suis dit qu’en plus de faire avancer les connaissances de la science, c'était l’occasion d’avoir accès à un check-up de santé régulièrement. C’est vrai qu’à 28 ans c’est pas le type d’examen que je ferai », explique Romane qui fait partie des personnes qui ont été tirées au sort pour participer à la plus grande enquête épidémiologique en population française. Plus précisément, le projet Constances mené par l’Inserm et l’Assurance maladie, est une cohorte épidémiologique « généraliste » qui prévoit de suivre 200 000 adultes volontaires âgées de 19 à 69 ans.
Qu’est ce qu’une cohorte ? C’est un groupe de personnes issues de la population générale qui est suivi pendant une durée plus ou moins longue par des scientifiques. Dans le cadre de Constances, à l’entrée dans le projet les participants bénéficient d’un bilan de santé complet dans l’un des 17 centres d’examens de la sécurité sociale, qui sera répété tous les 5 ans. A partir de 45 ans, ce questionnaire mesure également les fonctions intellectuelles et de la mémoire. Les volontaires fourniront de façon confidentielle et protégée chaque année, des informations sur leur état de santé et leurs habitudes de vie (travail, alimentation, tabac ou sexualité…). « Enfin, des échantillons de sang et d'urine seront conservés en vue de la création future d'une biobanque », relève Marie Zins, l’une des responsables du projet Constances.
Tous les épidémiologistes confirment que ces grandes cohortes à terme, ont des retombées très concrètes. En observant les gens dans la vie réelle, sur de larges échantillons de personnes, les chercheurs sont ensuite capables de faire des recommandations pour soutenir des politiques de santé publique.
Ecoutez le Pr Serge Hercberg, épidémiologiste et investigateur principal de l’étude Nutrinet : « Dans le champ de la nutrition, cela peut aider à savoir ce qu’il faudra manger demain pour diminuer le risque de cancer ou de dépression. Sans ces cohortes, on ne peut pas savoir. »
La France a longtemps été en retard en matière de cohorte. Contrairement aux pays du nord de l’Europe qui disposent de grandes enquêtes de suivi en population depuis de nombreuses années, les scientifiques Français ont mis plus de temps à se lancer dans ces vastes projets. Désormais l’Hexagone semble avoir rattrapé son retard. La cohorte Constances vient d’être lancée, la grande enquête Elfe suit 20 000 enfants de la naissance à l’âge de 20 ans depuis 200.
« On a un paysage épidémiologique qui n’est pas si mal et on est même en avance à certain niveau. Je rappelle que l’étude française Nutrinet, est la 1ère cohorte lancée dans le monde par internet. Grâce à ça, on fait maintenant de l’ e-épidémiologie » s’enthousiasme le Pr Serge Hercberg.
Ecoutez le Pr Serge Hercberg : « Quand on a lancé l’étude SUVIMEX en 1994, on avait besoin de 13 000 personnes et au final on a eu 80 000 volontaires. »
Pour connaitre les motivations de personnes qui participent à des cohortes, il suffit de regarder les résultats de l’étude Nutrinet. La première semble souvent être le souhait d’aider la science à avancer. 61% des volontaires veulent contribuer « à la prévention des maladies », 22% veulent « aider la recherche en nutrition et 6% avouent « une curiosité pour l’étude ». Enfin, le fait que le projet soit financé uniquement par les pouvoirs publics est considéré comme important par 67% des participants.
Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que des retraités qui participent à ces cohortes. L’étude Nutrinet par exemple, draine 50% de personnnes qui ont moins de 45 ans. De même, presque toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées. « Dans Constances, on a parfois des difficultés à mobiliser les 18-25 ans pour le moment; ils représentent seulement 5% de l’échantillon. En revanche, quand ils rentrent dans l’étude, ils sont très contents d’avoir des examens de santé. Et comme les jeunes fument beaucoup, ce qui les intéresse le plus souvent, c’est de savoir si leur tabagisme a déjà atteint leur fonction respiratoire » explique Marie Zins.
Ecoutez Marguerite, nutrinaute de 77 ans : « J’ai participé à Nutrinet car ça me faisait plaisir d’avoir un suivi sur ma santé en vieillissant. Et ça m’a apportée, car j’ai l’impression que depuis, je m’alimente mieux que les autres. »
Pour ceux qui voudraient participer à des cohortes, comme Constances, la sélection des volontaires se fait par tirage au sort parmi les personnes affiliées au régime général de l’Assurance maladie. Les futurs participants reçoivent chez eux une invitation, mais sont libres d’accepter ou de refuser la participation à ce projet. Sinon tout le monde peut évidemment participer à cette étude de son propre chef, pour plus d’information un numéro vert* est à disposition. De même, pour rejoindre la communauté des 243 000 Nutrinautes, l’inscription se fait sur le site Internet du projet Nutrinet.
*Numéro Vert : 0805 567 900