Un an plus tôt qu’en France, en 2007, l’Angleterre était la dernière nation du Royaume-Uni (1) à passer l’interdiction de fumer dans les restaurants et les bars. À ce moment-là, la Grande-Bretagne comptait environ 10,2 millions de fumeurs.
À l’occasion des dix ans de cette mesure, Cancer Research UK publie de nouveaux chiffres. En 2017, les Britanniques ne seraient plus que 8,3 millions à céder à la tentation, soit une baisse de 1,9 million de fumeurs.
La prévalence du tabagisme a ainsi diminué de 5 points, pour passer de 21 % de la population à 16 %. Une grande victoire pour Cancer Research UK. D’autant plus que c’est chez les jeunes que la baisse est la plus forte : alors que les 16-24 ans étaient 26 % à fumer en 2007, ils sont aujourd’hui moins de 17 %, soit une baisse de presque 10 points !
Un parfum de tabac froid
Un grand pas dans la lutte anti-tabac outre-Manche, et plein de petits pas du quotidien pour les habitants. L’interdiction de fumer dans les restaurants a de nombreux avantages, d’après les Britanniques. Un sondage réalisé sur plus de 4 300 d’entre eux a ainsi révélé qu’ils sont plus de deux sur trois à apprécier le bénéfice de rentrer après une soirée sans l’odeur de tabac froid sur leurs vêtements.
Ils sont presque aussi nombreux (66 %) à trouver ces lieux plus accueillants pour les familles. Ils semblent aussi avoir pris conscience des risques liés au tabagisme passif : ils apprécient le gain sur la santé des serveurs et du personnel hôtelier (57 %), auparavant exposés continuellement à la fumée, et même pour eux-mêmes en tant que clients (38 %).
Une mesure parmi d’autres
Plus intéressant encore : 20 % des fumeurs déclarent que cette interdiction a joué pour réduire leur consommation, et 14 % qu’elle les a aidés dans leur sevrage.
« Nous sommes ravis de voir qu’après 10 ans, l’interdiction de fumer ait eu tant de succès, s’est réjoui Sir Harpal Kumar, directeur exécutif de Cancer Research UK. Nous avons travaillé extrêmement dur pendant des années pour s’assurer que la loi soit efficace et que personne ne soit plus exposé à la toxicité du tabagisme passif. L’impact sur la santé publique est énorme. »
Cette mesure n’est sans doute pas la seule responsable. Au cours des dix dernières années, le gouvernement a également largement augmenté les taxes, les distributeurs automatiques de cigarettes ont disparu, tout comme les paquets dans les magasins : ils sont aujourd’hui cachés derrière le comptoir. Le Royaume-Uni a également instauré le paquet neutre, qui a fait son apparition en mai dernier.
Réduire les inégalités sociales
Mais beaucoup reste à faire. En particulier, le gouvernement souhaite se concentrer sur la réduction des inégalités socio-économiques, très représentées dans les taux de fumeurs.En se déplaçant de la ville de Harrow, en banlieue londonienne, où seulement 7 % de personnes fument, à Blackpool, au nord de Liverpool, le taux de tabagisme triple.Pourtant, le service d’aide à l’arrêt du tabac dans cette ville populaire du nord de l’Angleterre a fermé, faute de moyens.
Le Premier Ministre, Theresa May, s’est engagée à « lutter contre l’injustice criante qui fait que ceux qui naissent pauvres vont mourir 9 ans plus tôt que les autres ». Et le tabagisme est l’un des facteurs qui joue le plus. L’objectif annoncé pour participer à la lutte : réduire la consommation de cigarettes à 5 % de la population d’ici 2035.
(1) Le Royaume-Uni rassemble l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, qui elle-même regroupe 3 nations : le Pays de Galles, l’Écosse et l’Angleterre.