L’annonce était redoutée par les élus et habitants des alentours de la commune de Decazeville, dans l’Aveyron. Monique Cavalier, la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie, a déclaré que la maternité locale ne rouvrirait pas ses portes. Ses activités étaient déjà suspendues depuis octobre.
Jeudi dernier, la Commission spécialisée de l’organisation des soins (CSOS) de l’ARS Occitanie, chargée de formuler des avis sur la politique d’implantation et de financement de l’offre de soins, avait déjà rendu des conclusions allant dans ce sens. Elles laissaient peu d’espoir pour les membres du collectif Tous ensemble, créé pour défendre la maternité, et qui avait organisé une manifestation dans ce sens le 1er juillet.
Raisons de sécurité
Raison invoquée par la directrice de l’ARS : « L’objectif de sécurité doit être majeur ». Les activités obstétriques de la maternité avaient été suspendues à la suite du décès en couches d’une mère et de son bébé en octobre dernier.
Des failles de sécurité sanitaire avaient été évoquées, mais l’enquête qui a suivi a révélé que la jeune femme avait été victime d’une embolie amniotique, une pathologie rare, impossible à prévoir, et responsable de 10 % des décès en couches.
Au début de l’année, l’agence de santé avait prolongé la suspension jusqu’au 30 juin, et avait soumis la reprise de l’activité à certaines conditions. La maternité devait recruter un pédiatre et plusieurs gynécologues, des sages-femmes, des auxiliaires de puériculture, et revoir ses protocoles de prise en charge.
Des conditions remplies, à l’exception du recrutement de tous les médecins : les candidats étaient intéressés, mais attendaient que l’établissement rouvre ses portes pour quitter leur poste.
Désert médical
Pas suffisant pour l’ARS, qui préfère transformer la maternité en centre de périnatalité. L’établissement continuera à prendre en charge les mères et les futures mères. Mais pour accoucher, elles devront désormais se rendre à Rodez ou à Villefranche-de-Rouergue, toutes deux à environ trois quarts d’heure de route.
Les défenseurs de la maternité de Decazeville en avaient fait un symbole de la désertification médicale. Près de 7 000 habitants de Decazeville et 70 000 personnes du bassin médical en dépendaient jusqu’à présent. En 2015, elle avait réalisé 271 accouchements.
Le combat continue
« Il y a 20 ans que l’on veut notre mort, pouvait-on entendre au cours de la réunion organisée mercredi dernier en prévision de la manifestation du 1er juillet, rapporte Centre Presse Aveyron. Vingt ans plus tard, on est toujours en vie. Maintenant, l’objectif est de se retrouver dans 10 ans et de pouvoir dire : il y a 30 ans, on voulait notre mort, 30 ans plus tard, on est toujours en vie ! »
Le combat semble achevé, mais le collectif Tous ensemble ne compte pas rendre les armes. Des manifestations devraient être organisées chaque jeudi à 17h30 devant l’hôpital de Decazeville. « Le combat va continuer dans la durée », avaient promis élus et habitants lors de la manifestation de samedi.