Quand une maladie en favorise une autre. Les patients souffrant de Parkinson sont plus nombreux à développer un mélanome que la population générale. Le fait intrigue de nombreux médecins dans le monde.
Jusqu’ici, les études estimaient que le risque était multiplié par deux. Elles se trompaient, selon la Mayo Clinic (Etats-Unis). L’une de ses équipes publie, dans Mayo Clinic Proceedings, une évaluation révisée du lien entre Parkinson et cancer cutané. Un lien réciproque a été découvert.
Un médicament innocenté
Les personnes qui souffrent de la maladie de Parkinson sont quatre fois plus à risque de développer un mélanome par rapport à ceux qui n’en présentent pas les symptômes. L’analyse de la Mayo Clinic s’est appuyée sur la base de données médicales d’une ville du Minnesota.
Des milliers de dossiers enregistrés entre 1976 et 2013, les chercheurs ont extrait les informations de 974 patients diagnostiqués de la maladie de Parkinson. Ils ont été comparés à 2 900 personnes en bonne santé sur ce plan. Dans le même temps, une analyse de 1 500 patients souffrant de mélanome a évalué le lien avec la maladie de Parkinson. Et les deux pathologies sont étroitement liées.
Ce lien réciproque permet aux experts de la Mayo Clinic d’innocenter un suspect, la lévodopa. Ce médicament, qui se substitue à la dopamine qui manque, permet de réduire les symptômes moteurs chez les patients parkinsoniens. Le traitement était soupçonné de favoriser l’émergence d’un mélanome. Ce qui est faux, au vu de ces derniers résultats.
Plusieurs pistes
D’autres pistes devront être explorées afin de mieux comprendre cette association entre les deux maladies. Car elles n’ont, a priori, pas de point commun.
La maladie de Parkinson est une pathologie neurodégénérative qui se traduit par un déficit de dopamine dans le cerveau, à l’origine des tremblements et autres troubles de la motricité. Le mélanome, lui, est un cancer de la peau peu fréquent qui se métastase facilement.
Génétique, réponse immunitaire, exposition environnementale… Les hypothèses d’explication sont nombreuses. Y apporter une réponse ferme pourrait bien s’avérer crucial. « Si nous parvenons à identifier la cause de ce lien entre la maladie de Parkinson et le mélanome, nous pourrons mieux guider les patients et leur famille », estime Lauren Dalvin, qui signe ces travaux.
En attendant des conclusions plus précises, les professionnels de santé sont invités à surveiller plus spécifiquement les patients souffrant de Parkinson, afin de repérer le plus tôt possible un mélanome – si celui-ci se développe.