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Idée reçue

Les règles n’affectent pas les capacités intellectuelles

Par Antoine Costa

Les menstruations et, de manière générale, les niveaux hormonaux, ne perturbent pas l’intellect, d’après une étude.

fabianaponzi/epictura

Plusieurs effets sont attribués aux menstruations. Douleurs, fatigue, maux de tête, mauvaise humeur, baisse des capacités intellectuelles… Ils ne sont pas toujours bien connus, et relèvent souvent plus de la croyance populaire que de la science. 

Une étude publiée dans la revue Frontiers in Behaviorial Neuroscience met un terme à l’idée reçue selon laquelle les femmes sont un peu moins performantes intellectuellement lorsqu’elles ont leurs règles. Les chercheurs n’ont pas observé de différence significative liée à cette période, ni une quelconque relation entre capacités cognitives et niveaux hormonaux.

Des résultats contradictoires

« En tant que spécialiste de la médecine reproductive et psychothérapeute, je rencontre de nombreuses femmes qui ont l’impression que leur cycle menstruel influence leur bien-être et leurs performances cognitives », explique le Pr Brigitte Leeners, endocrinologue à l’hôpital universitaire de Zurich, et auteur principal de l’étude.

L’idée a été renforcée par certains résultats scientifiques. Deux études avaient ainsi montré que sur certaines tâches cognitives pour lesquelles hommes ou femmes sont respectivement plus performants, les périodes du cycle féminin pouvaient influer et renforcer ces différences.

Le déficit naturel des femmes sur les tâches visuo-spatiales serait ainsi renforcé pendant les phases du cycle avec peu d’estrogènes et de progestérone (juste avant et pendant les règles), alors que leur avantage sur les tâches verbales sont renforcées quand ces hormones sont présentes (pendant et après l’ovulation).
D’autres fluctuations des capacités de mémorisation avaient été associées aux variations de taux d’hormones.

Des exceptions 

Ces résultats n’ont pas pu être reproduits, explique les chercheurs dans leur article. Pour leur étude, ils ont recruté 88 femmes, qu’ils ont suivies pendant deux cycles. Les chercheurs ont analysé l’évolution de trois processus cognitifs : la mémoire visuo-spatiale, l’attention, et le biais cognitif – un mécanisme de pensée qui nuit au raisonnement logique.

Et leurs résultats, associés aux niveaux hormonaux, ne montrent pas d’impact déterminant lié à des périodes du cycle. Lors du premier cycle, des différences étaient apparues, pendant et en dehors de la période de règles, mais elles n’ont pas pu être répliquées par la suite.

« Même si certaines exceptions individuelles peuvent apparaître, les performances cognitives féminines ne sont pas perturbées par les changements hormonaux intervenant pendant le cycle menstruel. » Et même si certaines différences devaient apparaître, elles semblent tellement limitées qu’elles sont tout au plus minimes.