« La prévention sera le pivot de la stratégie nationale de santé discutée à l’automne. » Ces mots résument l’esprit du discours de politique générale du Premier ministre. Devant l’Assemblée nationale, ce 4 juillet, Edouard Philippe a dévoilé les grandes lignes de sa feuille de route. Sans trop entrer dans le détail, ni sur les mesures, ni sur le calendrier.
Le programme du gouvernement d’Emmanuel Macron est plutôt alléchant sur le plan de la prévention. Et le Premier ministre a mis le paquet dans la lutte contre le tabac.
L’une de ses mesures phares sera appliquée sur le tabac de manière progressive : d’ici la fin du quinquennat, le paquet de cigarettes coûtera 10 euros. En parallèle, l’Etat devra développer la traque des « trafics qui minent cette politique de santé autant qu’ils fragilisent ceux qui respectent la loi », selon les mots d’Edouard Philippe.
Le chef du gouvernement s’appuie aussi sur la vaccination. Depuis plusieurs mois, des cas de rougeole ressurgissent dans diverses régions. « Dans la patrie de Pasteur, ce n’est pas admissible », déplore le ministre. L’obligation vaccinale sera donc, dès l’an prochain, élargie à toutes les souches recommandées aux enfants – contre trois actuellement.
La fin des inégalités
Prévenir, c’est aussi faciliter l’accès aux soins, en luttant contre les inégalités et en réduisant les coûts pour le patient. Mais le Premier ministre se montre plus flou sur ce sujet. Il promet bien la fin du reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives. Mais celle-ci sera effective « d’ici la fin du quinquennat ».
Dans un communiqué, la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires (CNSD) accueille cette annonce avec tiédeur. « Avant d’envisager le zéro reste à charge, il faudra que le gouvernement aborde le problème par le bon bout en commençant par corriger les incohérences tarifaires », prévient la CNSD.
Toujours dans l’optique de réduire les inégalités, le chef du gouvernement veut améliorer le congé maternité et les solutions de garde d’enfant. Sans en dire plus sur ses projets. De même, les allocations accordées aux personnes handicapées ou âgées seront revalorisées « dès 2018 ». Et si le ministre plaide en faveur d’une inclusion accrue des personnes en situation de handicap, dans le parcours scolaire et professionnel, il reste muet sur les moyens d’y parvenir.
La réforme du système de soins
C’est un vrai travail de fond que veut engager Edouard Philippe. Cet automne, une révision de la stratégie nationale de santé sera effectuée, notamment à l’occasion de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS). Le cap est d’ores et déjà fixé : rénovation et préservation du système de sécurité sociale. Mais une place est ménagée aux améliorations sur le plan de la coordination.
L’action des professionnels de santé « est trop souvent entravée par les rigidités de nos structures, les carcans administratifs, le fonctionnement en silos », selon le Premier ministre. Il propose donc une mise à plat du parcours de soins, qui devra être plus structuré et plus souple. Aux côtés de cette réforme structurelle, « de nouvelles incitations et de nouveaux modes de rémunération » sont prévues. Elles seront débattues à l’occasion de la LFSS.
Mais la ministre de la Santé prendra un peu d’avance. En septembre, un plan de lutte contre les déserts médicaux sera lancé. La télémédecine, en cours d’expérimentation, devrait y trouver une place.
Enfin, les étudiants en santé eux-mêmes verront leur formation évoluer. Edouard Philippe, conformément aux promesses de campagne du président, veut instaurer un service sanitaire. Les futurs médecins seraient donc envoyés dans les écoles et les entreprises afin de travailler sur la prévention avec les Français.