La politique vaccinale française va évoluer. Confirmé par le Premier ministre Edouard Philippe, le passage à 11 vaccins obligatoires est prévu pour 2018. Lors d’un point presse, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a détaillé les grandes étapes de cette révision.
Un projet de loi sera déposé à l’Assemblée nationale en 2018 afin de faire passer le nombre de souches obligatoires à 11, contre 3 aujourd’hui. A la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite s’ajouteront les vaccins infantiles protégeant contre haemophilus influenzae B (à l’origine de pneumopathies et de méningites), coqueluche, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole, méningocoque C, et pneumocoque.
Seuls les enfants de moins de 2 ans seront visés. Mais 11 souches supplémentaires ne signifient pas 11 injections de plus. Et la ministre a tenu à le rappeler. Cette nouvelle politique se traduira par 10 vaccinations réparties sur deux ans. Ce que font déjà la majorité des foyers.
Un acte collectif
Le choix de ces 11 vaccins répond à une situation préoccupante en France. La couverture vaccinale est correcte mais insuffisante dans la plupart des cas. Cela a conduit au retour de maladies infectieuses qui avaient fortement reculé et à des décès évitables. « Il est inadmissible que des jeunes de moins de 25 ans meurent de méningites et de rougeole dans notre pays », a pesté la ministre de la Santé au micro de RTL.
Car Agnès Buzyn le souligne, la vaccination « n’est pas seulement un acte individuel, elle est également destinée à protéger son entourage ». Avec un taux de protection satisfaisant, les personnes qui ne peuvent pas se vacciner sont également à l’abri d’une pathologie grave.
C’est grâce au principe de l’immunité collective que la mortalité a fortement chuté dans le pays. Rien que pour le tétanos, les décès sont passés de 1 000 par an à seulement 5.
Regardez les explications de Santé Publique France sur les vaccins :
[FAQ] Nos réponses aux 11 questions fréquentes sur les #vaccins.
— MinSolidaritésSanté (@MinSoliSante) 6 juillet 2017
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10 à 20 millions d’euros
Pour faciliter l’accès à la vaccination, la ministre de la Santé a aussi prévu des arguments financiers. Les 11 souches obligatoires seront intégralement prises en charge. Aucun reste à charge ne sera donc subi par les familles. L’Assurance maladie remboursera 65 % du prix, les complémentaires santé assureront le reste de la somme.
Du côté des finances, cette garantie ne devrait pas représenter un surcoût insurmontable. Selon Agnès Buzyn, 10 à 20 millions d’euros sont à prévoir. « Une petite somme par rapport aux maladies évitées », a souligné la ministre. D’autant que son cabinet a prévu de négocier une baisse des prix avec les laboratoires.
Mais ces garanties risquent de ne pas suffire pour convaincre les plus réticents, qui émettent des réserves sur la sécurité des vaccins par exemple. L’hématologue n’a pas prévu de campagne de communication supplémentaire mais compte bien s’appuyer sur les médias et les professionnels de santé.
Une clause d’exemption
Refuser toute vaccination devrait aussi être plus simple. Comme proposé par certaines associations de patients, la ministre de la Santé planche sur un nouveau système d’exemption. « Si vraiment des familles s’opposent absolument, nous essaierons de leur permettre d’éviter la vaccination », a-t-elle précisé à RTL.
Agnès Buzyn le reconnaît elle-même, cette clause relève de la dentelle juridique. Mais elle s’est montrée claire sur le sujet. Pas question de sanctionner les parents qui refusent la vaccination. Cette position risque de relever de l’équilibrisme dans les mois à venir.