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52 milliards d’euros en 2030

L'épidémie de diabète menace l'économie de l'Afrique

Par Antoine Costa

En Afrique subsaharienne, l’explosion du nombre de cas de diabète de type 2 risque de peser sur les économies nationales.

AndreyPopov/Epictura

Ebola, Sida, paludisme, méningite… L’Afrique subsaharienne n’est pas épargnée par les problèmes de santé publique, largement médiatisés en raison des risques épidémiques. Mais une pandémie, qui concernait plutôt les pays occidentaux, gagne silencieusement le continent africain.

Le diabète de type 2 explose, faisant peser une menace sanitaire, mais aussi économique. Dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, une commission composée d’experts a évalué cet impact. En 2015, en Afrique subsaharienne (1), le diabète de type 2 aurait coûté presque 20 milliards de dollars (plus de 17 milliards d’euros). Cela représente 1,2 % du produit intérieur brut (PIB) pour l’ensemble des pays concernés.

25 millions de malades

Les transitions démographiques, socioculturelles et économiques ont favorisé la hausse du risque et de la prévalence du diabète, estiment les experts. Dans les années 1990, les principales causes de mort prématurée étaient le Sida, des infections respiratoires ou des maladies infantiles que la vaccination pouvait éradiquer, rappellent-ils. Mais aujourd’hui, les pathologies cardiovasculaires prennent le pas sur les maladies infectieuses.

En 1980, à peine plus de 3 % de la population souffrait de diabète, ce qui représentait 4 millions d’individus. La prévalence a désormais plus que doublé, pour dépasser les 7 %. Dans cette région, 25 millions de personnes seraient concernées.

Une évolution peu favorable, qui inquiète les chercheurs. Si elle se poursuit, le coût du diabète pourrait représenter un véritable fardeau économique. D’après les projections les plus pessimistes relayées dans l’article du Lancet, il pourrait s’élever à 52 milliards d’euros, soit 1,8 % du PIB.

 

L’obésité en question

Cause invoquée par les experts pour cette épidémie de diabète : la hausse de la prévalence du surpoids en Afrique. En 1980, 28 millions de personnes étaient concernées. En 2015, elles étaient 127 millions, soit 4,5 fois plus nombreuses…

Une augmentation, sans doute encore sous-estimée, qui serait encore plus préjudiciable qu’en Europe : certaines études suggèrent en effet que les populations africaines pourraient développer du diabète avec un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à celui observé dans les pays occidentaux.

Traitement, puis prévention

Face à cette bombe à retardement, la commission d’experts en appelle à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), pour que soient prises des mesures. Elle recommande que des campagnes de prévention soient lancées, notamment sur le plan nutritionnel.

Mais les spécialistes redoutent que, comme pour le VIH, la prévention ne fonctionne pas sans une prise en charge globale, comprenant suivi et traitement. Solution envisagée : elle pourrait être inclue dans les programmes de prise en charge du VIH ou de la tuberculose, qui sont des facteurs de risque de diabète.

En Afrique subsaharienne, la moitié des diabétiques s’ignorent, et à peine 11 % seraient traités.

 

(1) L’étude porte sur les données recueillies au Bénin, aux Comores, en Guinée, au Kenya, au Liberia, au Mozambique, en Namibie, aux Seychelles, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Togo et en Ouganda.