Qu’elles représentent le dernier espoir thérapeutique pour des patients atteints d'insuffisance cardiaque ou de cancer, ou qu’elles soient recherchées pour soigner plus rapidement une blessure musculaire chez des sportifs de haut niveau, les thérapies à base de cellules souches sont souvent perçues comme une solution miracle, un traitement futuriste.
Des médecins l’ont bien compris, et utilisent cette image de manière peu scrupuleuse. La multiplication du nombre de centres de soins qui les proposent ont poussé une quinzaine d’experts médicaux du monde entier à publier une tribune dans Science Translational Medicine. Ils appellent les législateurs des pays concernés à prendre des mesures strictes pour réguler ce marché, sous la direction de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Des promesses non tenues
La promotion de ces thérapies est souvent directement destinée aux patients, ce qui pose déjà un problème en soi. Cette promotion s’accompagne, en plus, d’une promesse de guérison. Les experts rappellent cependant que nombre d’entre elles n’ont pas prouvé leur efficacité, et qu’elles sont même parfois dangereuses.
« Les thérapies à base de cellules souches sont prometteuses, mais nous avons besoin d’essais cliniques rigoureux et de procédures pour déterminer si un traitement est sûr, efficace et apporte un bénéfice par rapport aux traitements existants », insiste Sarah Chan, chercheur en bioéthique à l’université d’Edimbourg, et l’une des quinze signataires de l’article.
Plusieurs décès
Certaines transplantations de cellules souches, qui utilisent plus particulièrement des cellules du sang et de la peau, ont été approuvées après que des essais cliniques poussés ont montré leur utilité dans le traitement de certains types de cancer, ou pour la réalisation de greffons de peau à destination de grands brûlés.
Mais pour la majorité des autres thérapies potentielles, la recherche n’en est qu’à ses balbutiements. Si, souvent, elles ne font pas plus de mal que de bien, plusieurs accidents mortels ont déjà été enregistrés.
Parmi eux, en 2013, un médecin australien a été tenu responsable de la mort de l’une de ses patientes après une liposuccion à base de cellules souches, qui auraient favorisé l’hémorragie à l’origine de son décès. La même année, une autre Australienne a été victime d’un infarctus causé par un traitement contre une maladie neurologique rare, cette fois-ci pratiquée en Russie.
Union internationale
Les experts signataires de la tribune – Britanniques, Australiens, Japonais, Belges, Italiens, Canadiens et Américains – demandent que les régulations soient harmonisées au niveau mondial. L’effort doit notamment être porté sur la promotion de ces thérapies, et sur la mise en place d’un accord concernant les normes de production, de tests et de vente des thérapies à base de cellules et de tissus humains.
« La mondialisation du marché de la santé, et les tensions spécifiques autour de la recherche et des applications des cellules souches en ont fait un véritable défi, redoutent les experts. Mais les enjeux sont trop importants pour que nous renoncions à prendre une position commune. »