Les partisans du tiers payant devront se montrer patients. La ministre de la Santé repousse la généralisation de cette disposition à l’ensemble de la population, prévue le 1er novembre. Sans donner de calendrier, Agnès Buzyn a confirmé, ce 6 juillet sur RTL, qu’elle était plus favorable à une mesure facultative plutôt qu’obligatoire.
L’accès au tiers payant a son intérêt, aux yeux de la ministre de la Santé et des Solidarités. « Certains Français ont du mal à accéder à un médecin pour des raisons financières », a-t-elle concédé au micro d’Elizabeth Martichoux.
Mais Agnès Buzyn ne souhaite pas que cette évolution se fasse au détriment des professionnels de santé libéraux, qui se plaignent déjà d’une lourde charge administrative. « Il faut aussi que les médecins y trouvent leur intérêt, explique-t-elle. Je cherche une formule gagnant-gagnant. »
Regardez les explications de la ministre (à partir de 7 mn 58) :
Deux rapports attendus
L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sera donc chargée d’évaluer le système de tiers payant mis en place par Marisol Touraine, ancienne ministre de la Santé. Et de définir une solution qui convienne au plus grand nombre. Les conclusions de cette mission devraient être rendues à la fin de l’été.
Un autre rapport est très attendu, celui de l’Assurance maladie. Mais on peut d’ores et déjà supposer que l’obligation sera levée. « J’ai horreur des obligations », a récemment confié Agnès Buzyn au Quotidien du Médecin. Une telle décision serait d’autant plus cohérente que le président Emmanuel Macron a lui-même pris position en faveur du tiers payant généralisable, lors de sa campagne.
Au-delà de l’esprit de cette loi, de nombreux obstacles techniques s’opposent à une généralisation rapide du tiers payant. Toutes les mutuelles ne sont pas prêtes et les médecins craignent un surplus de paperasse dans leurs journées déjà bien chargées.
Deux étapes franchies
L’annonce de la ministre est donc accueillie avec soulagement dans les rangs des syndicats. « Le fait qu’Agnès Buzyn insiste sur les difficultés techniques montre qu’elle a bien compris la nature du problème », explique Claude Leicher, président de MG France, au Figaro.
Dans un communiqué de presse, la CSMF se réjouit aussi de cette suspension et salue l’oreille attentive de l’hématologue. Elle « remercie la nouvelle ministre de la Santé Agnès Buzyn d’avoir entendu l’opposition ferme et résolue des médecins libéraux à un tiers payant généralisé pour tous et pour tout ». Mais les professionnels de santé ne relâchent pas leur attention pour autant.
Deux étapes du tiers payant généralisé ont déjà été franchies depuis son adoption dans la loi de modernisation du système de santé. Le 1er juillet 2016, la mesure pouvait être proposée aux femmes enceintes et patients en affection de longue durée (ALD). Depuis le 1er janvier, l’application est obligatoire.