ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Démence : pas d'effet protecteur avec l'activité physique

Etude Inserm

Démence : pas d'effet protecteur avec l'activité physique

Par Anne-Laure Lebrun

L’activité physique n’aurait pas d’effet protecteur sur le risque de démence, quel que soit le nombre d’heures effectuées.

pressmaster/epictura

L’activité physique ne permettrait pas de se prémunir de la démence. Une étude menée par l’Inserm et parue dans le British Medical Journal montre, en effet, que les adultes pratiquant de l’exercice physique régulièrement présentent un déclin cognitif similaire aux sédentaires.

Ces travaux français contredisent la littérature scientifique. Mais, comme le souligne Séverine Sabia, chercheuse Inserm, à la tête de cette étude, « ces résultats sont corroborés par 2 essais d’intervention récents et un rapport d’experts publié le 22 juin 2017 qui conclut en un manque d’évidence suffisante quant à un effet protecteur de l’augmentation de l’activité physique sur le risque de démence ».

Les chercheurs du Centre de Recherche en Epidémiologie et Santé Publique se sont appuyés sur le suivi de plus de 10 300 personnes de 35 à 55 ans au moment de l’inclusion entre 1985 et 2012. Tous les 4 ans, l’activité physique de chaque sujet a été évaluée et de nombreux tests cognitifs ont été proposés.
Au cours de l’étude, 5 300 personnes ont indiqué suivre les recommandations établies par l’OMS, soit 2,5 heures par semaine d’activité modérée à vigoureuse. En outre, près de 330 cas de démence, notamment d’Alzheimer, ont été diagnostiqués. La moyenne d’âge au moment du diagnostic était de 75 ans.


Une activité physique en baisse

L’analyse des chercheurs révèle que quel que soit le nombre d’heures passées à courir, nager ou marcher, l’activité physique n’aurait pas d’effet protecteur sur le risque de démence. Les participants sportifs et les sédentaires présentaient le même déclin de la mémoire ou des capacités de raisonnement.
« En effet, il n’a pas pu être démontré qu’il existait une association entre la pratique d’activité physique (qu’elle soit légère, ou modérée à intense) et l’apparition ou non d’une démence », indique le communiqué de presse de l’Inserm.

Néanmoins, les chercheurs ont remarqué une diminution de l’activité physique dans les 9 années qui précèdent le diagnostic chez les sujets ayant développé une démence. Ces derniers limitaient leur activité physique jusqu’à deux heures par semaine.

Pour les auteurs, ces résultats suggèrent que la diminution de l’activité physique pourrait faire partie des changements qui surviennent dans les premiers stades de la maladie.
« Si cette baisse d’activité ne peut pas être considérée comme un signe annonciateur de la démence, elle pourrait toutefois être un signal parmi d’autres à prendre en compte par le médecin traitant », précise l’Inserm.


Le sport reste indispensable

Malgré ces résultats, les chercheurs n’écartent pas totalement la possibilité que l’exercice physique puisse être neuroprotecteur. « Il reste à savoir si maintenir un bon niveau d’activité physique durant cette phase préclinique de la démence pourrait ralentir le processus de la maladie », expliquent les auteurs.

En revanche, ils réaffirment les bienfaits d’une activité physique régulière pour le maintien d’une bonne santé cardiaque, ainsi que pour la prévention de l’obésité et du diabète. Adopter une activité régulière reste « un déterminant majeur de l’état de santé à tous les âges de la vie », assurent-ils.