Difficile d’imaginer à quel point l’accès à une prothèse peut être difficile quand on vit en France. Mais dans de nombreux pays défavorisés, remplacer une jambe amputée relève de l’impossible. Entre rendez-vous initial, d’ajustement, de surveillance, prix de l’appareillage… le parcours médical s’allonge. Pour les populations les plus isolées, la question ne se pose donc pas. Et la vie continue sans soutien.
Consciente de ces difficultés, Handicap International fait un geste en direction des amputés. « Dans les pays à faibles revenues, seules 5 à 15 % des personnes nécessitant un appareillage orthopédique (…) peuvent accéder à ce service », souligne l’ONG. Son arme pour y remédier : l’impression 3D. Depuis 2015, l’organisation travaille à la mise au point de prothèses imprimées à distance et sur mesure. Les essais, réalisés au Togo, en Syrie et à Madagascar, sont plutôt concluants.
Une technologie transportable
En 2016, 19 patients ont été équipés de prothèses de jambe imprimées en 3D. Cette méthode simplifie considérablement le parcours de soins. « Avant, il fallait faire un moule en plâtre du moignon, revenir quatre ou cinq fois pour l’ajuster », explique un porte-parole de Handicap International à l’AFP. Ensuite, la pose d’une résine était nécessaire.
Grâce à l’impression 3D, seulement trois étapes sont nécessaires. Un petit scanner permet de créer un moule numérique, retouché par un orthoprothésiste afin de respecter les normes. Les images sont télétransmises à l’imprimante. La prothèse est ensuite envoyée à l’équipe chargée des soins, qui effectue alors la mise en place.
Les 9 mois de tests ont permis de montrer que l’appareillage est conforme aux exigences actuelles. La prothèse est résistante et tient dans la durée. Mais le véritable argument en faveur de cette technologie, c’est le scanner. Il peut être rangé dans un sac, ce qui facilite les déplacements des équipes. Les zones les plus isolées peuvent être atteintes.
La question du coût
Ces résultats sont concluants. A tel point qu’avant la fin de l’année, Handicap Internationl a prévu l’installation d’un centre d’impression au Togo. Et l’ONG espère atteindre 200 poses à cette date.
Isabelle Urseau, responsable Réadaptation à Handicap International, ne cache pas son enthousiasme. « L'impression en 3D va changer la façon de travailler des professionnels avec les patients et permettre de mieux organiser les services proposés, pour plus d'efficacité », souligne-t-elle dans un communiqué.
Mais il faudra résoudre un problème de taille : celui du prix. La prothèse imprimée en 3D nécessite une dépense de 1 200 euros, contre 70 avec les autres techniques. La rapidité a un coût qui risque de s’avérer excessif pour les plus démunis. L’ONG n’ignore pas ce problème, et s’est attelée à sa résolution.