Cinq mètres de diamètre et cinq mètres de long. Voici les mensurations du plus grand outil d’Imagerie à résonance médicale (IRM) que le centre de recherche en neuroimagerie cérébrale Neurospin basé à Saclay (Essonne) vient de se procurer pour célébrer ses dix ans d’existence.
Présenté le 6 juillet à la presse, cet aimant géant unique au monde nécessite l'intervention d'une équipe de plus de 170 chercheurs pour sa mise en route.
11,7 teslas
L'appareil a été conçu en partenariat avec le projet franco-allemand Iseult, fruit d'une collaboration entre le CEA, Guerbet (fabricant d'agents de contraste pour l'imagerie), l'université de Fribourg (Allemagne) et le constructeur Siemens.
Il aura fallu 10 ans pour façonner cet aimant géant de 11,7 teslas (unité de mesure d'induction magnétique). Une puissance presque quatre fois supérieure à celle des scanners IRM standard de 1,5 à 3 teslas, qui permettent d'observer des millions de neurones.
« À l'autre bout du spectre, nous disposons aussi à NeuroSpin, pour la recherche, d'un scanner IRM 17 teslas qui permet de voir les neurones de manière individuelle chez l'animal. Il nous manquait une échelle intermédiaire », explique Denis Le Bihan, fondateur et directeur de NeuroSpin.
Mieux comprendre es pathologies neurologiques
Selon les scientifiques, ce nouveau champ d’exploration du cerveau permettrait d’étudier le cortex cérébral en profondeur, fine couche de tissu qui abrite les fonctions cognitives du cerveau humain. En 2016, les résultats d’une étude par IRM 3 T d'un consortium américain du Human Connectome Project ont montré que les zones du cortex se divisaient en 200 aires, correspondant chacune à une fonction cognitive bien précise.
Denis Le Bihan entend aller encore plus loin en découvrant d'autres zones cérébrales (également appelées "aires de Brodmann), afin de mieux comprendre les pathologies neurologiques ou psychiatriques telle que l’Alzheimer, l’épilepsie ou la schizophrénie.
« Avec cet instrument, la vision du cerveau pourrait radicalement changer. Grâce à la haute résolution des images, nous espérons visualiser les premières plaques amyloïdes caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Cela permettrait un diagnostic très précoce », espère Denis Le Bihan.
Premier essai sur les patients en 2019
Mais avant de parvenir à de tels résultats, l’IRM 11,7 T a un long chemin à parcourir. Une fois mis en route, son champ magnétique sera augmenté de manière progressive, afin de vérifier que tout fonctionne correctement.
Quand cette étape sera validée, l’institut NeuroSpin devra obtenir l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour tester la machine sur des patients. Cette procédure pouvant prendre plusieurs années, l’équipe du CEA espère obtenir le feu vert « d’ici 2019 ».