Le plus bel hommage à sa mémoire émane sans doute son propre frère. Les mots sont signés de Robert F. Kennedy, quelques jours après l’assassinat de son frère, John Fitzgerald Kennedy. « La moitié des jours qu’il a passés sur cette terre ont été accompagnés d’une douleur intense… Je ne l’ai jamais entendu se plaindre. »
Ces mots résument bien la pugnacité avec laquelle le 35e président des Etats-Unis a poursuivi sa carrière politique, en dépit de douleurs lombaires chroniques et invalidantes. De fait, JFK n’a pas laissé l’image d’un président handicapé. Bien au contraire.
Plus de 50 ans après sa mort, l’énergie et le sourire résument toujours le mandat du plus jeune élu à la tête de la Maison Blanche. Un véritable tour de force, au vu de son dossier médical. Alors que sa carrière politique florissait, l’homme a tout simplement traversé un parcours du combattant. Son dos, notamment, lui a fait subir de nombreux revers.
Examens d’imagerie et témoignages à l’appui, deux neurochirurgiens reviennent, dans le Journal of Neurosurgery : Spine, sur la façon dont le mal de dos a ponctué la politique de John F. Kennedy.
Un héroïsme mal récompensé
Dès son plus jeune âge, JFK connaît un parcours médical chaotique. Au fil des ans, il reçoit l’extrême onction à quatre reprises. Si la maladie d’Addison, qui lui est diagnostiquée en 1947, le tourmente, son dos est au cœur de ses mésaventures.
John Fitzgerald Kennedy serait né avec une articulation lombo-sacrée instable, selon les neurochirurgiens qui signent cette étude. Elle ne se traduit pas immédiatement par une dégénérescence visible sur les radios. Mais la douleur ne se fait pas attendre.
En 1937, étudiant à l’université de Harvard, le jeune Kennedy se blesse lors d’un match de football américain. Les séquelles l’empêchent d’intégrer l’armée quelques années plus tard. Grâce à l’influence de son père, le jeune homme parvient à obtenir un poste sur un PT boat.
En pleine Seconde Guerre mondiale, le vaisseau de JFK est coulé. L’homme sauve un membre de l’équipage gravement blessé, l’aidant à nager pendant cinq heures. L’héroïsme lui vaut une reconnaissance universelle. Mais l’état de son dos se dégrade rapidement après cet acte de bravoure.
Béquilles et corset
Un an après le sauvatage, John F. Kennedy entre à l’hôpital. C’est la première d’une série de quatre interventions sur sa colonne vertébrale, entre 1944 et 1957. Chacune est ponctuée d’une brève période de rémission, suivie d’une brutale aggravation. Et d’infections.
Alors qu’il fait campagne pour le poste de Représentant du 11e district du Massachussetts (Etats-Unis), JFK doit porter un corset et bénéficier de soins quotidiens. Peu après son élection au Sénat, il se déplace en béquilles, qu’il n’abandonne qu’au moment des discours publics.
« Il était droit et souriant, il avait l’air aussi sain et mince que le champion du monde des poids mi-lourds », témoigne Dave Powers. Mais le discours fini, un homme épuisé prenait la place de l’homme politique accompli. Peu après son élection, la deuxième intervention survient. A haut risque, à cause de sa maladie d’Addison.
Un corset le jour de sa mort
Une infection urinaire grave plonge le Sénateur dans le coma. Lors de sa convalescence à Palm Beach, il contracte une infection provoquée par un staphylocoque. La plaie opératoire ne cicatrise pas. Lors d’un troisième séjour à l’hôpital, l’appareillage est retiré. Le disque situé entre les vertèbres s’écrasera progressivement à partir de ce jour.
Tout au long de ce parcours chaotique, le futur président des Etats-Unis use et abuse des médicaments. Les corticostéroïdes provoquent une fracture de compression au niveau de ses lombaires. Les phases de rémission alternent avec la rééducation, plus efficace, et les rechutes. Pour traiter la douleur, les injections d’antidouleur et les « cocktails » à base de métamphétamine se succèdent.
La technique permet à JFK de remporter un débat face à Richard Nixon, lors de sa campagne pour la présidence. Mais sa rencontre avec Nikita Khrouchtchev est un échec patent. Inquiet de ces traitements abusifs, un médecin de la Maison Blanche reprend le dossier. S’ensuit une longue phase de rémission.
Mais peu avant son assassinat, John F. Kennedy retombe dans une phase de fortes douleurs. Il portait son corset lorsqu’il a été tué. Certains médecins ont supposé que c’est ce qui l’a empêché d’éviter le second tir, mortel.