La maladie est silencieuse, mais elle connaît une progression fulgurante. En 10 ans, le nombre de contaminations par l’hépatite E a été décuplé. Le Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies (ECDC) en fait le constat dans sa revue Eurosurveillance.
Depuis 2005, plus de 21 000 cas d’hépatite E ont été rapportés aux autorités sanitaires des Etats membres de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen. Mais la progression des notifications s’est faite de manière brutale.
Source : ECDC
En 2005, un peu plus de 500 infections étaient connues. 10 ans plus tard, ce sont plus de 5 600 dossiers qui sont remontés. Le plus souvent, ce sont des hommes de plus de 50 ans qui contractent la maladie, dans leur pays d’origine.
Une transmission alimentaire
La France figure parmi les Etats les plus touchés par l’hépatite E, aux côtés de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. Dans l’Hexagone aussi, l’infection a connu une évolution brutale. Désormais, 200 à 300 cas sont signalés chaque année, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Source : Anses
Le mode de contamination est relativement classique sur le continent européen. L’hépatite E peut se transmettre par un contact fécal-oral via des eaux contaminées. Le système d’épuration européen permet de limiter les contagions par la boisson.
Mais un autre mode d’exposition menace particulièrement l’Europe : l’alimentation. « On peut expliquer cette hausse des cas rapportés par une meilleure prise de conscience et un meilleur dépistage de l’hépatite E ; mais les comportements alimentaires jouent sans doute un rôle », estime le Directeur scientifique de l’ECDC, Mike Catchpole.
La mauvaise cuisson de la viande de porc, ou de son foie, est en effet la principale cause de l’hépatite E sur le Vieux continent. Le gros gibier (sanglier, cerf) comporte lui aussi un risque. Une préparation minutieuse de ces aliments pourrait donc suffire à réduire le nombre de cas.
Une maladie sous-évaluée
Une nouvelle rassurante émerge toutefois de ce rapport. En 10 ans, le nombre d’hospitalisations liées à cette hépatite virale a progressivement diminué. Seuls 28 cas se sont avérés mortels. Il faut dire que l’hépatite E n’est pas la plus menaçante.
Le plus souvent asymptomatique, l’infection régresse spontanément, en 2 à 6 semaines. Les malheureux qui développent des symptômes souffrent de syndrome grippal, de troubles digestifs ainsi que d’éruptions cutanées semblables à de l’urticaire.
Mais l’hépatite E peut aussi évoluer en une forme fulminante beaucoup plus grave, et potentiellement mortelle. C’est ce qui explique l’importance de surveiller sa présence sur le territoire. C’est là que le bât blesse.
« 20 pays ont un système de surveillance spécifique bien établi, avec un programme de dépistage, alors que les autres n’ont aucune surveillance », déplore Mike Catchpole. La réelle prévalence de la maladie est certainement donc sous-évaluée