La prévention est le talon d’Achille de la santé en France. Ce secteur est, de loin, le plus défaillant dans la chaîne de santé du pays. A l’heure où les maladies non-transmissibles occupent une place croissante dans les soins de la population, une réforme est donc nécessaire. C’est, en substance, ce que propose le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM), qui publie un rapport à ce sujet.
Avec un fort taux d’obésité, de tabagisme et de consommation d’alcool, la France figure parmi les mauvais élèves de la prévention dans le monde. Les actions existantes, notamment, manquent d’efficacité. Ce n’est pas faute d’investissements. « Les dépenses à la charge (de l’Assurance maladie) représentent une part très importante des sommes consacrées à la prévention », souligne le rapport.
Pour améliorer ce bilan, le HCAAM fixe en priorité l’inclusion de la promotion de la santé de la Plan national de santé. Ce n’est qu’à ce prix qu’une mobilisation massive sera obtenue.
Plus de souplesse
Mais pour convaincre les acteurs de santé, il faut aussi frapper au portefeuille. Plus précisément, se montrer incitatif. Plutôt que de rémunérer les professionnels à l’acte, pourquoi ne pas adopter une stratégie de prise en charge dans la durée ? Sur le principe, le HCAAM plaide en faveur d’une telle évolution. Et soulève la question du ticket modérateur, la part qui doit être déboursée par les patients.
De fait, le reste à charge peut être un frein majeur dans l’accès aux offres de prévention. Le HCAAM propose, par exemple, de mieux rembourser les consultations suivant un examen dans le cadre d’une campagne de dépistage organisé. Une autre solution consisterait à prendre en charge l’intégralité des frais liés à la vaccination. Deux manières de ne pas systématiser le ticket modérateur.
C’est bien l’esprit des réformes proposées par ce rapport : plus de souplesse dans le système existant, afin d’y intégrer une prévention plus efficace. Mais le HCAAM veut aussi un gain de modernité. Il suggère ainsi le recours à la e-santé dans la lutte contre le tabagisme, avec un accès à la prévention en ligne.
Développer la télémédecine
Les initiatives collectives sont nécessaires, aux yeux du HCAAM, pour améliorer les déterminants sociaux ou encore environnementaux. L’utilisation plus large des big data et d’indicateurs comme la morbidité et la mortalité devraient, à ce titre, s’avérer très utiles.
Mais ce développement ne doit pas se faire au détriment des actions locales. Le Haut conseil cite en exemple les maisons de santé en région Nord-Pas-de-Calais (aujourd’hui Hauts-de-France), qui ont permis d’améliorer l’accès aux soins.
Pêle-mêle, les initiatives individuelles peuvent prendre des formes simples : développement de la domotique, mise à disposition de piluliers intelligents ou encore accès à la télémédecine. Et ces actions impliquent un panel large d’acteurs. Les professionnels de santé, bien sûr, ainsi que les autorités sanitaires. Mais aussi des intervenants moins évidents.
Multiplier les intervenants
Grâce aux Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), des épiceries solidaires sont ouvertes aux étudiants. Une structure qui leur permet de manger équilibré, dans le cadre de la lutte contre la malnutrition et l’obésité.
Multiplier les lieux d’intervention, c’est justement l’une des orientations mises en avant par ce rapport de l’HCAAM. En ville, la prévention individuelle doit être au cœur des approches, tandis que les structures plus larges peuvent prendre le relais sur les actions collectives. La coopération entre les interventions doit tout de même s’améliorer pour gagner en efficacité.
Reste la question de la place des complémentaires santé. Déjà très impliquées dans la prévention, elles relaient l’Assurance maladie sur les soins optiques et bucco-dentaires. Elles accompagnent aussi les politiques publiques, dans les campagnes de sécurité routière par exemple. Mais sur le plan des investissements, l’Assurance maladie continue d’assumer la grande partie des dépenses. Ce qui pourrait changer.