On connaissait leur impact sur le risque de développer des cancers et sur la reproduction. Certains d’entre eux sont des perturbateurs endocriniens. Mais ce ne sont pas les seuls risques liés aux phtalates. L’exposition exposerait, en plus, à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires ou de l’hypertension artérielle, mais aussi de diabète de type 2. Et cela, au moins chez les hommes.
C’est la conclusion d’une étude réalisée par des chercheurs de l’université d’Adélaïde (Australie). Ils ont analysé les taux de phtalates dans les urines chez 1 500 hommes âgés de 39 à 84 ans, qu’ils ont comparés aux maladies qu’ils ont développées.
Un risque presque doublé
Si aucun lien n’a été établi avec l’asthme ou la dépression, les résultats sont en revanche beaucoup plus inquiétants pour les autres maladies testées, notamment par l’ampleur des différences observées. Ainsi, les 25 % de personnes les plus exposées ont un risque accru de 78 % pour les maladies cardiovasculaires par rapport aux 25 % les moins exposées. Le chiffre monte même jusqu’à 84 % pour le diabète de type 2. Soit un risque presque doublé.
Pour l’hypertension, c’est un peu moins spectaculaire, mais pas négligeable : le risque est supérieur de 14 %. « Et en plus des maladies chroniques, une variété de marqueurs de l’inflammation du corps sont aussi associés aux niveaux de phtalates, explique le Pr Zumin Shi, épidémiologiste à l’université d’Adélaïde, et auteur principal de l’étude.
Perturbateur endocrinien
Et, en ajustant les statistiques pour éliminer l’impact de l’obésité, des facteurs socio-économiques, du tabagisme et de la consommation d’alcool, l’association des risques avec les phtalates subsiste.
Un impact que les chercheurs ne peuvent encore expliquer avec certitude. « Bien que nous ne comprenions pas encore les raisons exactes pour lesquelles les phtalates sont liées à ces maladies, nous savons que les produits chimiques ont un impact sur le système endocrinien, qui contrôle la libération des hormones et régule la croissance, le métabolisme, et le développement et la fonction sexuelles », ajoute le Pr Shi.
Tous exposés
La nouvelle est inquiétante, d’autant plus que ces substances chimiques ont été retrouvées dans 99,6 % des urines des participants à l’étude. Pas si étonnant, puisqu’on les retrouve un peu partout dans les objets du quotidien, via les matières plastiques.
Les phtalates sont couramment utilisés comme plastifiants, pour assurer la rigidité ou la souplesse des matériaux, ou encore comme fixateur dans les produits cosmétiques. Ils se retrouvent ainsi dans les objets en plastique, dans les emballages, dans les peintures et les vernis, même pour les ongles.
Un risque faible ?
Nous y sommes donc exposés continuellement, que ce soit par inhalation dans un habitacle de voiture (en provenance des matières plastiques) ou dans une cuisine dont le sol est en vinyle, dans la nourriture conditionnée, et même dans les médicaments et les jouets sexuels.
Conscients depuis longtemps des problèmes de santé que ces produits peuvent favoriser, les pouvoirs publics ont déjà réagi en régulant fortement leur utilisation, et en interdisant certains types de phtalates responsables par exemple de troubles de la fertilité.
Mais pour ces produits, l’exposition est tellement importante et multiple, que l’exposition faible mais continuelle continue d’inquiéter. Le résultat des chercheurs australiens est valable pour les hommes, mais rien ne prouve qu'il ne se vérifiera pas également chez les femmes.